à A, G & B
La grille d’entrée d’un gris passé roule sur un petit rail d’acier, fermée elle laisse passer les chats, à droite la tonnelle et la douche d’après plage, les fils où on suspend les habits, le grenadier, une vigne un banc, un puits des plantes grasses. Des cailloux, des coquillages, une branche transformée en canard par M.. Il y a une très jolie porte de fer forgé qu’on n’emprunte jamais, perdue dans les branches des feuilles et des fleurs, la maison se trouve là, à main gauche, le balcon de l’une des trois chambres. L’allée de ciment mène à un grand parasol, une table cinq chaises comme on en voit sur les plateaux de cinéma – au fond, le mur de pierres sèches à mi-hauteur, on y a construit une niche pour l’âtre dans lequel on fait griller poissons légumes viandes ce qu’on veut , au-delà du mur un champ où passent et paissent parfois des chèvres, des oliviers partout, un palmier ici ou là, aux troncs de deux d’entre eux on a attaché un hamac sur lequel on grimpe par des marches faites elles aussi en pierres sèches (non, mais le hamac, non), plus loin au fond du jardin, un grillage le sépare de celui des voisins, des tomates, des aubergines, des poivrons des piments poussent. L’allée de ciment fait un angle droit avec une autre marquée d’un petit palmier qui va à la terrasse, à gauche quelques marches conduisent à une cuisine d’été (pour les fritures de courgettes alla romana ou de poissons), une porte bleu clair à une chambre. Sur la terrasse une grande table entourée de six ou huit chaises sous une tonnelle couverte de claies de bois mince. Au coin de l’allée et de la terrasse, un mûrier blanc magnifique à l’ombre franche. On entre par une porte simple, pleine, dans la pièce principale qui fait aussi cuisine. Une table, quelques chaises, une commode où on pose les clés, la corbeille de fruits, le pain, plus loin deux lits en forme de canapés – un escalier aux marches de métal fichées dans le mur monte pour accéder à une espèce de chambre basse de plafond, d’appoint, petite fenêtre et matelas deux places, il y fait trop chaud dans la journée comme partout dans le pays. Au plafond comme dans chacune des chambres tourne un ventilateur à trois pales. Le petit couloir face à la porte d’entrée, au fond, donne dans une salle d’eau, toilettes, dont la fenêtre en meurtrière haute laisse voir l’autre potager – tomates basilics et autres origans d’autres choses encore – toutes les fenêtres sont obstruées d’un fin treillis de métal pour empêcher les moustiques d’entrer (ça ne marche que mal) la douche est à l’italienne, il y a là aussi un lavabo, une glace grossissante orientable. La fenêtre de la cuisine donne elle aussi sur le potager, plus loin, après le frigo, deux ou trois marches, un petit couloir, un cagibi à droite où se trouve la paire de claquettes achetées il y a huit ans (pas de tongues, hein), une autre marche et une pièce qu’on traverse pour aller aux autres chambres, un lit-canapế, un bureau une armoire, à gauche le petit couloir dessert les chambres et une salle d’eau.Tout est en blanc, aux murs des dessins des photos encadrées des toiles de M. (quand on lui dit que c’est tellement joli, elle baisse les yeux en souriant gênée, contente), le sol de marbre gris pris à la montagne voisine, la pièce traversante a deux fenêtres dont une qui donne sur un petit balcon – les balcons ne servent à rien – l’autre sur le potager de l’arrière – en dessous de la maison (mais on n’y a pas accès) le matériel pour faire l’huile, tous les ans, vers octobre ou novembre, il faudrait qu’on y aille (T. nous l’a proposé un jour), on est là, donc, c’est un jour d’été, bien sûr, un milieu de matinée après lectures cafés et autres on va se baigner, on se retrouve dans l’eau, tiède, les uns nagent, les autres appellent, on se retrouve à dix mètres du bord, elle est bonne hein, il n’est pas onze heures et il n’y a ni houle ni vague, un cormoran au ras de l’eau passe sans bruit, on était six cheveux mouillés, souriants, heureux probablement – ces moments-là où on sent que la journée sera d’une chaleur accablante mais que l’eau, serait-elle salée, nous aidera à la supporter – au loin le bac rouge croisait le blanc – la lumière, le clapotis, et elle : « on a quelque chose à vous dire »
Toujours un plaisir de te lire.
J’aime beaucoup tes commentaires/parenthèses. Le lieu et les vivants qui l’habitent devient peu à peu presque familiers. Jolie chute.
merci à toi, Françoise
J’aime beaucoup. C’est émouvant, sur la fin. C’est… c’est bien écrit !
Ps : « des poivrons des piments poussent » : belle allitération en P.
Ah moi c’est la mélodie de l’incipit qui m’a enchantée, on entend la grille glisser sur ses rails …
Belle description d’un lieu aimé, oui !
Merci Gwenn
bon,je continue :°)) merci!!
Une belle promenade. Je me demande ce que cela pourrait donner si tu ne faisais que suggérer la présence sans la nommer directement, en retirant tous les noms de personnages en somme et « adresses », peut-être une autre forme de langueur un peu agitée.
je me le suis demandé aussi : je vais te dire, en réalité, la composition de ce groupe ressemble à celle de l' »exercice »numéro 1 alors que c’st complètementdifférent -mais ça peut cadrer… Je vais voir,jte tiens au courant :°)) Merci à toi Marion T.
La luminosité des moments parfaits. On ne lit pas, on ressent. Toute mon admiration !
trop d’honneur chère Helena… (mais ravi que ça te plaise)
Quel beau chemin (on avance on voit) vers l’eau leurs cheveux mouillés . Le bac rouge et le blanc . Le cormoran . Et la voix, la phrase ouverte , suspendue. Quelle nouvelle ? Merci
bah tout va bien… ta question m’a fait penser, avec le commentaire de Marion T. que, oui, justement qu’est-ce qui se dit ? Merci à toi
« On avance, on voit, on ressent » Nathalie et Helena disent exactement ce qu’il en est de ton beau texte. Merci Piero.
merci à toi, Ugo – et un salut à Elbe (et à Caro)
Merci pour cette immersion sensitive, ce sont des images à la fois très douces et très puissantes que vous convoquez. Hâte d’en savoir plus sur la nouvelle qui sera annoncée.