Deux personnages se croisent, l’élue à la culture et les lotissements dans cette bourgade de 3200 habitants qui essaye de retrouver une âme à travers des projets d’animation culturelle. Une bourgade-dortoir, désormais riche et individualiste qui vivait mieux avec ses paysans pauvres et ses hameaux dispersés qu’avec les maisons individuelles de ses lotissements. Les deux écoles et les deux associations de parents d’élève sont les seuls lieux de rassemblement très temporaires .La culture peut-elle servir de médiation ? Par quel bout faut-il la prendre, la lecture, le cinéma, le spectacle vivant, les bals folk, les bœufs musicaux ? Dans quels lieux faut-il l’installer ? Le rêve de la maison individuelle avec jardin, piscine et clôture aboutirait-il à l’enfermement sur l’intime à ne pas déranger ? Une uniformisation des aspirations fermée à toute diversité ? Les offres consuméristes se trouvent confrontées aux objectifs de rentabilité et à la proximité d’offres plus attrayantes de la grande ville. On se prend à regretter les élans associatifs bénévoles qui fleurissaient avant Netflix, cultura et les matches retransmis sur grand écran. Quelques bénévoles âgées s’invitent au fil du texte et ne font que regretter une sociabilité dépassée, et disparue.
Une deuxième partie (très partiellement écrite et beaucoup moins longue) s’attache à décrire toutes les formes de remède au mal-être qui s’inventent autour de pratiques thérapeutiques alternatives et de groupes de paroles dédiés.
De courts textes écrits au fil du calendrier des évènements permettent de suivre la saison culturelle des estivales aux journées européennes du patrimoine puis à la conception de la saison culturelle suivante avec ses commissions, ses questionnaires, ses arbitrages. L’urgence de la mi-mandat électoral pour l’équipe municipale crée une tension accrue vers un objectif qu’on n’arrive pas à définir, des ressorts qu’on ne trouve plus.
Peut-être le texte devrait-il trouver une autre forme, une dynamique moins proche du constat désolé d’un irrémédiable échec ? Sans doute être anonymisé aussi.
L’auteur n’a pas envie de faire ce pas de côté ; dans une commune où les parents demandent sur le groupe Facebook qu’on leur prête le Horla de Maupassant ou Le premier homme de Camus parce que le petit l’a au programme, il n’y a plus beaucoup d’espoir.
Une résidence auprès des scolaires pour décrypter les pratiques et les référents culturels, les loisirs et les modèles parentaux serait utile pour comprendre l’avenir de ces formes de sociabilité suburbaines et leurs aspirations culturelles. L’auteur compte s’introduire dans le conseil municipal des enfants pour tenter une première approche participante. Ces dévoreurs de mangas qui viennent s’approvisionner avec de grands sacs à la bibliothèque et à qui l’on apprend à chanter la Marseillaise pour qu’ils soient présents aux cérémonie de 11 novembre et du 8 mai, quelles sont leurs aspirations ? Une troisème partie pleine d’espoir pourrait en sortir.
L’auteur cherche aussi toutes suggestions permettant de convaincre un éditeur de la nécessité de publier son ouvrage.
Je découvre ton texte et je n’en connais pas le contexte. Individuellement il semble d’agir d’un constat relativement fataliste dan son élan premier, que je trouve très bien mené. On sent cette perte indéfinissable de quelque chose, ce délitement, cette impuissance, cette absence de prise sur le réel, la bonne volonté ne semble plus en capacité de répondre, cela ne suffit plus, un cap est franchi. Le problème est clairement énoncé, c’est l’individualisme. La société ne fait plus corps. Comment refaire ce qui a été défait et qui continue de se défaire ? J’ai l’impression que beaucoup de gens semblent souffrir du même constat, sans trop pouvoir y répondre, la machine est trop puissante.
En tous cas j’ai beaucoup aimé ton texte, sa clarté, son ton, dans une sorte d’émotion du recul, qui vise à apporter une lumière empathique, constructive et à prendre le temps d’aller vers l’autre pour le comprendre (une réponse opposée au phénomène observé).
Merci Marine. J’ai tenu ce texte comme un journal de la saison culturelle dans mon village et j’avoue ne pas savoir comment le reprendre pour en faire quelquechose. Je laisse poser.