Le parking est plein, c’est en voiture qu’ils viennent chercher les enfants à la sortie de l’école, le matin à l’entrée, ils les déposent devant, le soir ils se garent et attendent le rythme incertain de la sortie de chaque classe ou celui de leurs enfants plus ou moins rapides ou rêveurs ou joueurs ou causeurs ou chamailleurs. Des tout-petits ou des chiens attendent avec eux, ça fait la promenade de ceux qui ne vont pas encore à l’école et qu’on ne peut laisser sans garde. La cloche sonne, la grille s’ouvre, le flot se déverse vers les nounous chargées de bébés et de poussettes, les grands-mères et les grands-pères avec canne parfois, les papas en retrait, les mamans, toute sorte de mamans, plus ou moins apprêtées, plus ou moins sociables, plus ou moins pressées. Ça s’embrasse, ça réprimande, ça rattache un cartable ou s’en charge, donne un goûter ou rien du tout, regarde un dessin, un jouet, une trouvaille, s’extasie ou le range sans un coup d’œil, ça se dirige vers les voitures (les enfants les reconnaissent très bien, la leur et celle des autres, une voiture, une maison), ça grimpe à l’arrière, ça s’attache et c’est parfois compliqué. Rares sont ceux qui s’arrêtent sur un banc pour manger le goûter et profiter du soleil d’automne et des feuilles qui commencent à tomber sur le gazon. Pas le temps non plus d’aller jusqu’au toboggan de l’aire de jeux ou de grimper aux cordes tendues de l’araignée. On rentre. C’est joyeux et pressé, une bouffée de liberté. Ça ne dure pas longtemps, un quart d’heure à peine, le parking se vide, la file de ceux qui restent se dirige vers le restaurant scolaire qui devient garderie, étude et salle de jeux. C’est fini. Le plus grand parking du village est vide jusqu’à demain. Sous les grands arbres centenaires, les flaques de la dernière pluie et le gazon qui reverdit où pointent quelques champignons attendent le soir, désertés.
Beaucoup aimé ta façon d’avancer la description avec le « ça » et le premier « ça s’embrasse, ça réprimande »
dès qu’il arrive, le ça, on est embarqués et on voit la scène
Beaucoup aimé aussi ta dernière phrase….
Merci Françoise. C’est un premier jet que je compte retravailler. Le ça m’est venu de cette impression de flot indistinct dont aucun personnage n’émerge. Merci de trouver que ça fonctionne.