Djavid le grand, semble avoir enjambé le cadre du tableau placé au centre du mur à droite de l’entrée, tendu la main à Anju pour l’aider à le rejoindre empêtrée dans son sari, un océan de soie aujourd’hui mordoré, ensemble ils ont regagné leurs places juste derrière la banque de réception que ma tête penchée légèrement en avant dépasse à peine. Un sourire à jamais accroché à leurs visages, une lueur de complicité et de gratitude dans leurs yeux nous accueillent. Dans cet endroit hors du temps, le temps semble s’étirer, se tordre comme les ombres d’une danse. Ainsi les curistes arrivent dans un lieu où les frontières entre rêves et réalités s’estompent, ils peuvent se perdre et se retrouver à la fois. Sur trois panneaux du haut bureau, des danseurs en bas-reliefs impriment déjà à nos corps une souplesse désirable. Sur la banque un petit lutrin affiche en lettres de cuivre le cours du change des euros en roupies. Trône en bout du comptoir un pot métallique garni des fleurs d’hibiscus et de roses en un bouquet rond, la lumière danse sur les pétales délicats, ombres douces comme des papillons qui s’envolent. Sur la table basse en bois de palissandre sculpté, d’un récipient s’échappent des volutes en spirales de fumée d’encens. Une musique silencieuse enveloppe les objets. Au sol s’étend un carrelage verni d’un brun profond orné de motifs floraux bleu-roi. Des pots de palmiers ,tels des éventails déployés, balancent leurs feuilles au rythme léger de la brise. Une haute céramique aux couleurs vives et aux formes tourbillonnantes à laquelle sont suspendus des colliers de fleurs attendent les nouveaux arrivants leur offrant un accueil exotique, à son côté la grande statue de Ganesh. Sur un présentoir en bois foncé les épices à vendre sont soigneusement alignées en une palette que nos yeux dévorent : cardamome, gingembre, anis étoilé, cumin, sésame noir, blanc, poudre d’écorce de coco, cannelle, curcuma, thé de l’Assam, thé blanc, fenouil, poivre vert, noir, blanc… des flacons d’huiles essentielles de mangue, melon, rose, jasmin… au milieu de cette mosaïque se dévoile la soie des pashminas drapant l’étagère. Dans un coin à gauche un escalier en bois se dresse pour se perdre dans les hauteurs de l’étage supérieur. Un panneau, punaisé à la bibliothèque indique les noms et horaires planifiés des massages du jour. Dans ce palais aux colonnes hautes et blanches, parcouru aux deux tiers d’une coursive à la balustrade de branches tressées et baigné de lumière, je m’abandonne avec délice, un voyage dans le voyage.
On s’y abandonne aussi. Les descriptions et le vocabulaire utilisé sont très riches, on sent les odeurs. Beau voyage.
Merci Jean-Luc, tout est si différent là-bas, en douceur on se laisse attraper…
on retrouve avec douceur et volupté ton ambiance feutrée et parfumée
et bien sûr cette image : « le temps semble s’étirer, se tordre comme les ombres d’une danse. »
On aime les mots palissandre, curcuma, rose et jasmin
Chère Raymonde, je te suis… et j’y séjourne…
Quel voyage, merci Raymonde, bonne journée.
Merci Clarence, j’en ai profité pour regarder votre bande démo…
Toujours chouette de découvrir des univers