Au final, ils n’ont pas besoin d’un grand décorum pour faire ça. La cabane en bois suffit bien. Pour faire ça. C’est comme ça, qu’entre eux, ils appellent faire l’amour. Et faire l’amour à des visées reproductrices uniquement. Allez, tu viens on fait ça ? On n’a pas encore fait ça ici. Tu t’imagines faire ça là ? Dans la cabane en bois, il y a le lit de leur fils aîné, Lisandre, et le sol jonché de feuilles d’automne. A votre avis, comment ont-ils fait ça ? Sur le lit ou sur le sol ? Pas de vitres aux fenêtres et juste le silence des feuilles qui s’agitent dans les arbres, les oiseaux qui pépient et les chats qui feulent dans le voisinage en se bagarrant. Tout est silence ce midi. Leurs gestes sont mécaniques et précis à la fois. Ils n’ôtent pas leurs vêtements tout de suite. Ils vont à l’essentiel. Comme je l’ai écrit, faire ça, c’est faire acte de reproduction. Donc, ils se reproduisent. Ils font ça comme si c’est la première fois, comme s’ils ne l’avaient jamais fait auparavant. Ils font ça pour avoir l’Eugénie de Julie, cette petite fille qui la fera grandir ? Cette petite fille qui la fera vieillir. Ils font ça sur le sol, ce parquet en bois jonché des feuilles sèches de l’été. Ils n’avaient pas fait le ménage. Ils n’avaient jamais pensé à faire ça dans une des cabanes en bois de leurs garçons. Ils ont choisi la cabane de Lisandre car elle a ceci de particulier que c’est celle qui est la plus à l’ouest. Être à midi, à l’ouest, pour faire ça. Il fait encore chaud. Le thermomètre affiche 23 degrés. On est en septembre, la rentrée est passée et Julie et Sébastien souhaitent avoir une troisième cabane dans le jardin pour y mettre une Eugénie et un rocking chair. Tout en faisant ça, Julie pense au rocking chair pendant que Sébastien visualise Eugénie. Eugénie, un petit bout de Julie qu’il souhaite copie conforme. Dans la cabane en bois de Lisandre, le tas de feuilles crisse sous les corps des époux. Ça craque sur le parquet. De précis, les gestes se font flous, désordonnés, comme si tous deux avaient enfin perdu le contrôle. Ils ne s’embrassent pas. Ils s’embrasseront plus tard, le soir, quand ils seront au lit et qu’ils repenseront à ce plaisir intense qu’ils auront éprouvé ensemble au même moment. Ils sont sûrs qu’ils étaient faits pour se rencontrer. Ils sont sûrs qu’ils sont leur moitié. Ils sont sûrs d’être bien fondés.
Ils font ça là, tellement évocateurs ces quatre mots, surtout le « ça » merci
Merci Raymonde de suivre ce petit voyage