Inventer les personnages, les livrer à notre histoire, une sorte d’illumination en miroir. Avant ça, revenir au point de décision où l’écriture prend naissance, cet instant qui pressent que quelque chose doit être raconté, une lueur fugace sans garantie de réussite. C’est là que tout débute, une tension intérieure, une impulsion ou peut-être une audace. Le moment où mentalement se prend la décision d’écrire une histoire, c’est ça l’instant qui sent qu’on aura quelque chose à en dire, un éclair seulement, sans la certitude de pouvoir. Comment hériter de ce qui n’existe pas encore, inventer des âmes ?
La mer, cet espace à rêves comme une page blanche où l’on peut écrire ; trois femmes accompagnées de leur cicérone se plaisent à inventer un futur à leur jeunesse, s’inventer une histoire dans leur histoire.
Avant ça, il faut que je vous dise que l’une d’elle a consulté l’astrologue, qui soit dit en passant à tout d’un agent de voyages avec ses dossiers sous le bras semblables à des catalogues pour destinations touristiques, et sa sacoche. Elle est avec son adolescente de fille rondelette, elles ont dû demander à ce que leur thème natal soit dressé, parler d’étoiles de planètes et de constellations, cycles réincarnations, vies passées futures, surtout ce qu’il faut en retenir c’est le mot Karma ce fil invisible qui relie toutes les âmes, fil tissé de bonnes et mauvaises actions, pensées, désirs, sans fin. La mer ne dit mot et écoute les confidences que les vagues emportent, la mère regarde sa fille avec tendresse, se demande quelles leçons lui transmettre ?
Mais avant ça une anecdote vient chatouiller mes pensées dans mon brouhaha mental, je veux parler de Marina aux formes bien arrangées qui sous la bienveillance de son époux, négociant émérite des plus enviables au porte-monnaie dodu, accompagne sa femme jusqu’ici pour repartir promptement, lui offrant une liberté totale dont elle s’accommode avec aisance, flottant dans ce vent chaud qui lui tend les bras.
Mais avant ça, comment ne pas mentionner Dear John – semblant sorti tout droit d’Oxford – nommé directeur du Centre par le propriétaire italien rencontré lors de ses nombreux voyages. Sa mission, en faire un sanctuaire védique, fusionnant l’Orient et l’Occident, pour soigner l’âme occidentale en quête de tradition.
Avant ça, je voulais vous parler du passé de Daweesh fils d’agriculteur kéralais qui vivait dans cette campagne indienne, une famille sans prétention, des parents aimants. Pas de tourments, un jardin, un verger des fruits en abondance et un ciel bleu qui ne s’éteint jamais. Les pieds dans la terre et un esprit bien disposé. Parmi ses aspirations celle d’étudier la médecine… lors d’une formation à la médecine ayurvédique à Thiruvananthapuram, il a rencontré un jeune femme polonaise, son charme l’a conquise. Daweesh l’a aidée à plonger dans la culture indienne et à appréhender les soins prodigués selon les principes de l’Ayurvéda, le fruit de profondes méditations des sages qui cherchaient à aider les habitants de leurs villages à les délivrer de leurs maux pour qu’ils vivent en harmonie avec la nature. Elle deviendra sa compagne quand il la suivra jusqu’en Pologne pour achever ses études de médecine. Il reviendra régulièrement en Inde à la source de ses origines tel un saumon remontant le cours de sa propre vie.
Mais avant ça, comment oublier cette femme, ombre fugace effleurant l’herbe de son passage, elle est le balai de fagots aux branches fines, sa silhouette danse avec grâce parmi les feuilles. Y-a-t-il plus important que de respecter l’herbe ? Son regard se hasarde vers ce groupe, trois femmes et un homme…
Revenons à notre groupe des quatre dont chaque histoire s’entrelace aujourd’hui alors que les corps cherchent une place à occuper, comme une obsession à s’emparer de la meilleure… question de présence, de l’instant saisi au vol, ou de la réalité tangible sous nos doigts avides de sens ?
j’aime beaucoup ce texte qui remet les choses en place
et puis ça : « C’est là que tout débute, une tension intérieure, une impulsion ou peut-être une audace. »
les mots chargés de sens…
Merci Françoise pour ce clin d’oeil.