Il a été écrit que Julie mange dans la cuisine le midi, qu’elle regarde son jardin, l’ancienne voie de chemin de fer en contrehaut de son terrain. Il a été écrit que cela lui faisait penser à Huckleberry Finn et Tom Sawyer, qu’elle aurait aimé être Huckleberry Fin. Il a été écrit qu’elle entendait encore crépiter le pop corn dans la casserole en verre et qu’elle se rappelait ce beurre fondu qui coulait ensuite sur le pop corn. Il a été écrit qu’elle faisait avec ces souvenirs d’enfance, qu’elle était toujours dans l’enfance bien que mariée avec deux enfants. Bientôt trois ? Soudain, elle sort de sa torpeur. Elle entend la clé dans la porte d’entrée. La porte d’entrée qui s’ouvre. Elle retient son souffle. Bonjour chérie entend elle depuis l’arrière de la cuisine. C’est son mari Sébastien qui rentre contrairement à son habitude. Habituellement, il déjeune dans son bureau d’un sandwich. Il entre dans la cuisine et glisse quelque chose à l’oreille de Julie. Chérie, j’avais envie. Elle était toujours dans l’enfance, à s’imaginer en Huckleberry Finn. Elle était loin de ces jeux d’adultes auxquels voulait la soumettre Sébastien. Elle était avec sa cabane en bois. Et si nous allions dans la cabane en bois ? Dit-elle à son mari. Sébastien fait la moue. Il aime le confort de son matelas mais devant la lueur qui s’allume dans l’œil de Julie, il se dit, pourquoi pas. Cela les changerait des transits amoureux mécaniques auxquels ils s’adonnent pour avoir leur troisième enfant, l’Eugénie de Julie. Ils étaient pressés. Il ne restait qu’une demi heure avant la reprise du travail. Une affaire vite faite et rondement menée dans la cabane en bois des enfants. Julie a éprouvé un plaisir intense, Sébastien aussi. Ils ont échangé là-dessus le soir quand ils étaient au lit. Une union intense. Bientôt trois ?