Avant d’envisager de dire l’attente par Marion de cette possible rencontre, dont elle ne savait pas qu’elle la désirait tant, ou pourquoi, peut-être pour donner du ressort à leur vie, il faudrait revenir se pencher avec elle sur les feuilles de dessin | si peu nombreuses et trop vite regardées pourtant | que Bertrand Ducrozet avait sorties comme petite conclusion, en passant, après leur avoir parlé de cet artiste, ou embryon d’artiste, Mehdi Arthémise, qui avait épousé la jeune amie de Bertrand évoquée par Daniel et dont Marie-Jeanne Delafosse tenait entre les mains le recueil de poèmes, dessins qu’elle contemplait et qui l’intéressaient davantage que les statuettes montrées précédemment, pendant que s’évanouissait en silence le petit roman qu’elles avaient échafaudées à partir de cette jeune femme, elle et Marie-Jeanne, Marie-Jeanne surtout qui pendant ce temps là continuait à parler, presque de n’importe quoi, de sa voix plus mondaine que jamais. Il y avait eu aussi, plus tard, et c’était toujours une question pendante même si on n’en discutait plus guère, ce projet d’ouvrir une galerie dans le petit bâtiment au fond du jardin qu’on aurait ouvert sur la ruelle de derrière. Elle se demandait si en fait le projet ne continuait pas à avancer, à faire l’objet de démarches entre lui et Raoul Delafosse, mais sans qu’elles soient consultées. Pour en revenir à l’attente qu’elle taisait mais à laquelle revenait parfois, et surtout aujourd’hui en regardant les trois enveloppes aux jolis timbres que Bertrand lui avait données pour le fils de son assistante, il y avait eu cette phrase qu’elle avait retenue | chopée au passage pensait-elle | au cours d’une de ces longues conversations qu’ils avaient tous les trois Marie-Jeanne, lui et elle, Marion, « il devrait participer à une exposition à Angers bientôt », pourquoi diable à Angers d’ailleurs.
Très beau texte qui me fait penser à Modiano… Merci Brigitte.
oh ? merci
« Avant d’envisager de dire l’attente » (et on pense que cette attente ne sera pas dite, et puis on se retourne à la fin du texte et on voit qu’elle était là, toute délicate)
merci Christine
ce texte a des rumeurs de Sarraute pour moi… toujours ta façon à toi de faire exister tes personnages qui s’incarnent fort une fois leur nom et prénom prononcés dans cette foule des humains
je m’interrogeais sur ton usage du point et du | dans ce texte, sur la différence qui tu y attaches…
tellement important la ponctuation ou la non-ponctuation qui nous permet de faire avancer le texte….
à vrai dire je ne sais pas trop. Je suppose que : ai toujours peur du point qui me loque, la vorgile est rop faible et la parenthèse pas tout à fait ça, alors depuis qu’ai découvert le | il est mon recours
quelle fluidité dans le texte, c’est vraiment agréable de se laisser porter à sa lecture, merci
MERCI