Bernard pioche une bande de terrain près de la porte de sa chambre. Bernard y met son agacement ou davantage. Juste agacement, on n’en mérite pas plus. On a bien vu qu’il prenait les choses avec équanimité. En fait on a tort, c’est plutôt de l’indifférence pour les broutilles. Ça peut être très important aux yeux des autres, comme on par exemple, ce qui reste pour lui broutilles. Mais on n’a pas le droit de s’attarder sur les moments de rien, les instants ou les heures où il vit automatiquement et sur ses pensées vagues ou moins vagues. Celles décrites par ce ignorant de on. D’ailleurs on se trompe sur lui. Comme tout le monde se trompe sur les autres, même familiers. On suggère qu’il est taiseux alors qu’il est oreille prêtée aux autres. On le montre fort et bienveillant, fort il en sourit et craint que cela signifie que l’âge l’épaissît, bienveillant ce n’est pas tout à fait cela, il aime les gens simplement et il est curieux. Là il s’arrête une seconde, se redresse, se tient les reins… « Vous qui que soyez, vous on donc, ne croyez pas qu’en pensant que j’aime simplement les gens et suis curieux je me méconnais, disons que je me refuse à m’attarder sur les raisons de mes réactions et mon amour de la paix et que je ne vous autorise pas à le faire. Comme puisque j’en suis à vous parler directement je vous prie avec insistance de réfréner la tentation que je sens percer en vous d’amener Marion à s’improviser mon biographe ou même à croire que je puisse servir de modèle à un personnage, maintenant que vous, on, semblez prête à lui attribuer une démangeaison de romancière ou nouvelliste. »
Ce n’est pas qu’une démangeaison et ça ne s’en ira pas simplement en grattant un peu – bonne suite – sérieusement – et avec fantaisie – on partage son amour de la paix…
oh merci Piero… mon moral de serpillère au réveil ce matin avait commencé à s’améliorer grâce à des signes de vie d’une pour qui je m’en faisais et vous embellissez gentiment le reste – bon toujours fatiguée pour lire sur écran et regard sur tas de repassage, meubles à cirer etc…grâce au frais revenu mais peut-être une fois ceci derrière moi retrouverais je appétit pou internet 🙂
toujours cette belle subtilité chez toi
je retiens » je me refuse à m’attarder sur les raisons de mes réactions et mon amour de la paix « …
là peut-être les deux axes pour bâtir un roman ?
peut-être
agacement, équanimité, indifférence pour les broutilles, taiseux, oreille prêtée… et ce refus de s’attarder sur… : Bernard me plait
merci… à moi aussi 🙂
« Comme puisque » Marion n’a rien réclamé ( on le saurait), laissons le bêcheur à son jardinage, le taiseux à sa réflexion du jour, le curieux à sa lenteur de regard sur ce qui l’entoure et à son humeur fluctuante. J’en connais de beaux spécimens de ces êtres qui sont là sans être là et dont la biographie ne sera jamais écrite. Des gens tout ordinaires et sans prétention littéraire. Ce texte me plaît en raison de sa sincérité supposée.
j’avoue que je ne me prononcerais pas sur sa sincérité… merci Marie-Thérèse et pardon demandé d’être un peu le coucou de l’atelier… et de peu lire
Que j’aime votre emploi du « on », ce que vous en faites. Comment dans l’autre texte il tourne le dos à ses habits de majordome préparés la veille… C’est une belle entrée en matière, pour présenter quelqu’un sur lequel on écrit. Merci, Brigitte.
merci