Dilettre prend le transistor bordeaux, un cadeau, le bouton positionné en permanence sur France Musique. La musique peut faire croire que ce qu’on écrit est mieux et elle sait que quand il n’y a plus la musique en fait le texte ne tient pas toujours. La musique est assez indicative dans le gai ou le triste. C’est une manière de regarder le monde, de l’entendre. .Il faut regarder le monde, il faut l’entendre, il faut s’émerveiller par les oreilles. Il faut se lover dans une voix chaude et grave, dans l’opacité des mots qu’on ne comprend pas, dans une envolée de notes de piano, s’inventer des histoires. Ne pas savoir la signification des mots, les écouter dans ce qu’ils ont de musical, mais mystérieux se laisser emmener, se laisser glisser dans l’émotion par des voix, douces, déchirantes, calmes pour atteindre sa mémoire, approcher le monde avec toutes les choses qu’on a en soi, appeler des signes éparpillés dans le monde, en faire un bouquet. Marée haute, marée basse la vie s’en va et elle revient. La musique un lien qui la tient au monde, qui la révèle aussi dans sa singularité. La musique est une narration sans ses mots à elle, c’est un livre qu’elle n’a pas écrit. L’écriture est une mise en musique on doit être en harmonie avec les mots, avec les lettres. Elle pense il faut que j’ouvre les yeux devant le planisphère, il faut que je surveille les 26 lettres. Il ne faut pas qu’elles fassent n’importe quoi. Elles doivent être responsables de leurs actes, s’engager dans des chemins chantants. Elles doivent bouleverser le monde, et l’enchanter. Comment écrire sur des choses qu’on ne comprend pas, et elle ne comprend pas pourquoi il n’est plus là. Il faut trouver une ouverture. Elle doit être révélatrice. Marguerite Duras expliquait qu’il lui était impossible de se mettre à son travail d’écriture si son lit n’était pas fait. Alors elle va faire son lit.
OUI