Maman, sortant de l’obscurité de la salle de bain, menton bas. Papa, sa main sur l’omoplate, le regard appuyé. Maman, la tête en arrière, le coude en l’air, arrachant la clope de sa bouche entrouverte. Papa, l’air ailleurs, les mains qui cherchent, qui prennent ce qu’elles trouvent aux alentours. Maman, le corps maigre, peu appétissant mais toujours disponible. Papa, le regard qui scrute et attrape ce qui peut devenir sien. Maman qui recule un peu, gênée, le dos tendu dans le sens opposé. Sa main qui s’approche et s’approprie ce qui est à la portée. Ses os angulaires, son regard fuyant sous la table. Ses mains qui saisissent et qui palpent la proie, il prend. Ce n’est jamais méchamment, c’est juste son droit d’homme. Sa femme aussi, elle se met dans son rôle, à disposition; cachant sa part de répulsion ou de lassitude; elle abdique, elle absorbe. Quelle idée d’accoucher de filles dans la maison de l’ogre ! Aveuglé de soucis, il ne saurait distinguer la mère des filles. Maman veille au grain et de son petit corps anguleux, absorbe les gestes, les envies, les colères.
Quel texte foudroyant !
Foudroyant jtrouve aussi…
Oh merci! grand plaisir à lire vos commentaires, m’en vais vous lire également.