#été 2023 #07bis | l’odeur du velours orange
Douglas a pris le petit fauteuil dans le salon de réception à côté de la porte d’entrée de l’hôtel. L’odeur de son velours orange lui rappelle une atmosphère renfermée qui n’est bientôt plus respirable. Il connaît bien cette impression. Elle est le point d’ancrage de ses angoisses. Il marque un temps d’arrêt avant de se diriger vers l’escalier, là où l’attend Mathilde. Il inspire à fond, expire l’odeur du velours orange et portant le fauteuil à bout de bras il avance bravement vers cette femme qui l’attend. Il a vraiment besoin de renouveler l’air ambiant pense-t-il, ici aussi ça sent le renfermé. Il est fatigué, mais aussi désenchanté, il doit gagner sa vie avec cet hôtel mais il lui bouffe la vie. Voilà comment une odeur peut vous faire vaciller vers des sentiments qui n’ont rien à voir avec la situation présente qui est une femme à secourir. Il se ressaisit, se redresse en tenant le fauteuil à bout de bras. Elle est là, lui donne un petit sourire mais elle a eu elle aussi des secondes, des minutes peuplées de sentiments d’inquiétude. Elle vient de réaliser, la gravité de sa situation, elle sait avant même l’avis d’un médecin qu’elle ne va pas pouvoir marcher pendant plusieurs jours. Comment va-t-elle faire ? Foncièrement optimiste elle fait confiance à la vie qui vous garde, celle qui vous offre toujours des commencements, des débuts. Mais ce début-là ne lui plaît pas. Un hôtel sans ascenseur qui plus est. Comment vais-je faire ? Avec des béquilles je pourrai peut-être quand même monter les escaliers. Je ne peux pas ne pas remonter. À cet instant Douglas arrive, pose le fauteuil à proximité de la dernière marche, celle où elle est assise. Un rayon de soleil frôle le velours orange du dossier. Je vais vous soulever tout doucement, laissez-vous glisser et surtout n’essayez pas de plier le genou. Je vais vous accompagner vers le siège du fauteuil. Laissez-vous faire, je vous tiens sous les bras. Si je vous fais mal, n’hésitez pas dites le moi.
Bien dit comme les odeurs s’imposent, même lorsqu’elles sont en décalage complet avec les situations
Merci Juliette, l’imprévisible de l’écriture se calque aux suggestions des propositions… Heureuse de ton passage ici. Bonne journée dans ta montagne !