Je n’ai pas assez parlé de cette odeur, ce mélange d’after shave et de sueur. André Barrière applique une lotion d’after shave, Eau sauvage de Dior. Il le fait chaque matin. On le sent à plusieurs mètres autour de lui. Et quand on s’approche de lui, il y a une odeur de sueur qui émane de son corps car il est trop gros. Il transpire énormément. Il est fréquent qu’il essuie son visage plein de sueur avec son mouchoir. C’est une odeur un peu rance qui émane de lui, une odeur de vieille France. André Barrière ne s’embarrasse pas trop avec la toilette. Il ne passe pas des heures dans la salle de bains chaque matin. Il est habitué à sa toilette de chat. Celle qu’il a apprise quand il était petit alors qu’il fallait économiser l’eau. André Barrière ne se sent même plus. Il n’a aucune notion de l’odeur corporelle qui peut émaner de lui. Il ne s’en soucie pas. Juste le soir, à l’heure des braves, il sent les vêtements qu’il a portés dans la journée. Et il n’arrive toujours pas à imaginer l’idée de l’odeur qu’on se fait de lui. Il ne sent pas encore le vieux ni le renfermé. Le matin, il a une odeur de pain grillé. Pain grillé, after shave et sueur dès le petit-déjeuner. C’est une autre de ses marques de fabrique. Son corps se meut avec beaucoup de nonchalance. Il fait très peu de mouvements. Il s’économise. Seuls ses yeux sont graciles et mobiles. Sa casquette de grand-père sent la sueur toute la journée. Il ne la change jamais et elle le suit partout, excepté au lit. Il prend une douche le soir pour retirer ses odeurs de sudation avant d’aller se coucher. Il a la crasse aux pieds. Il sent des pieds mais cela, personne ne le sait à Saint-Marcou. Seule sa femme connaît la moindre de ses petites odeurs fétides. C’est une grande fresque de petites odeurs à lui tout seul, André Barrière, un homme à l’ancienne, né en 1937. Et il ne peut jamais rien cacher à sa femme qui est un nez avisé.
Merci Elise pour ce portrait d’homme aux multiples odeurs. Une fresque comme vous l’appelez. C’est vrai que l’on s’habitue l’odeur. Bonne journée.
Merci Clarence pour ce commentaire. J’ai fait, en l’occurrence, ce que j’ai pu avec cette histoire d’odeur. Merci d’être passée par ici.