André Barrière est un homme d’affaires. Autrefois agent immobilier, il a gardé son goût du business en exerçant les fonctions de maire. L’argent, c’est son truc. Il sait le faire fructifier et il sait aussi le dépenser. « Il y a tant de choses à faire dans une commune, aussi petite soit-elle. » André Barrière ne jure que par l’investissement tout en lorgnant sur le fonctionnement. Recettes et dépenses. Les bases des taxes n’augmentent jamais. En bon homme de droite, André Barrière n’a jamais augmenté les impôts depuis les débuts de son premier mandat, il y a trente ans. En revanche, les dépenses ont augmenté. Monter un dossier de subvention, André Barrière connait cela par cœur. Il arrive même parfois qu’il gagne de l’argent quand le dossier est bien ficelé. Ce sera le cas avec l’école des Trois petits cochons. Il a fait payer l’Etat, le Conseil départemental, la communauté de communes et l’Europe via le pays castellois, dans le cadre de la redynamisation du territoire. 100% de subventions pour les gamins de la commune, qui dit mieux ?
André Barrière agit-il en bon père de famille dans la gestion des deniers publics ? Il dépense beaucoup et il a souvent recours à l’emprunt, dont quelques emprunts toxiques qui lui ont valu d’être retoqué par la Chambre régionale des comptes. La commune est endettée jusqu’au cou, plus que la moyenne nationale. Mais pour l’élu, ce sont des investissements pour attirer la population, avec les retombées économiques supposées. Cela demande aussi des équipements tels qu’une Mam, une station d’épuration aux normes, des services publics dans la commune, des partenariats publics-privés dans le fonctionnement. André Barrière flambe. C’est ainsi qu’il gère ses propres deniers. En bon agent immobilier, il s’est petit à petit constitué un patrimoine. Il a acheté de nombreuses maisons à Saint-Marcou pour les mettre en location. Certaines de ces maisons sont mêmes louées à la mairie. C’est le cas du restaurant de la commune dont le fonds appartient à la commune et les locaux à la fille d’André Barrière qui a constitué une SCI. A la commune de se charger de trouver un locataire pour faire fonctionner le restaurant. Plusieurs des maisons d’André Barrière ont été transformées en gîte et sont gérées par sa fille. Dans quelques années, elle sera ambassadrice d’une célèbre marque de chambres d’hôtes pendant que son père contractera un partenariat avec cette marque lorsqu’il sera élu au Conseil départemental. « André Barrière amasse pour faire vivre la commune. » Il confond intérêts publics et intérêts privés. Alors, agit-il en bon père de famille ? Une chose est sûre, c’est qu’il a mis ses enfants à l’abri du besoin. Lui ne mène pas grand train. Il possède une belle voiture et il s’agit de son unique signe extérieur de richesse. Sa casquette le montre en grand-père exemplaire.
André Barrière ne transigera jamais sur une chose, c’est l’école. C’est open bar au niveau des dépenses. Et cela, Julie l’avait bien compris. Dommage que toute l’équipe municipale ne soit pas au diapason. Ce sont les actifs qui se permettent de lésiner sur les dépenses. Ils veulent rationaliser les frais de déplacements. « Le bus, ça coûte cher. » André Barrière ne se laissait pas faire et accordait toujours des subventions à la Coopérative scolaire pour les voyages et les déplacements. Il était allé à l’école de la réussite et du mérite. Il se rappelle ce qu’il doit à l’école de la République. Il a obtenu les palmes académiques pour son implication dans l’éducation depuis qu’il est élu maire. Avec son école des Trois petits cochons, moderne et basse consommation, il faisait entrer l’établissement scolaire de sa commune dans le troisième millénaire. Tout sera connecté. « C’est un beau projet » a juste t’il fait remarquer. Un projet bien ficelé qu’il a accompagné jusqu’au bout. L’ancienne école était du provisoire qui avait assez duré. Là c’est sûr, il les aura méritées ses palmes académiques.
Il y a une autre chose sur laquelle André Barrière ne lésine pas, c’est le feu d’artifice. Chaque année, il dépense plus de sept mille euros au mois de juillet. Une dépense somptuaire pour une commune d’un peu plus de mille habitants. Un feu d’artifice tiré depuis les bords de rivière par les sapeurs-pompiers volontaires. C’est le moment fort de l’année à Saint-Marcou, le feu d’artifice avec le bal populaire. C’est un moment qui rivalise avec les festivités d’Aurelcastel, la capitale du Castellois. Les habitants se ruent immanquablement vers Saint-Marcou et ruinent la réputation d’Aurelcastel. La commune d’André Barrière a gagné ses galons d’autorité. La fête nationale est un point d’orgue, un point de conjonction pour qui veut visiter la région. Une petite commune du Perche qui rivalise avec une commune de Beauce, réputée pour être plus riche. On aura décidément tout vu. Mais le charme des bords de rivière et le spectacle pyrotechnique en font fondre plus d’un. André Barrière veut attirer à lui. Il veut aussi attirer à lui les élus des autres communes. A Aurelcastel, on le surnomme Louis XIV au moment de la fête nationale. Feu d’artifice et fleurissement sont ses deux pêchers mignons. Les fleurs demandent de l’entretien. Plantes, terre, engrais et surtout eau. C’est qu’il faut les arroser ces fleurs avec le camion-citerne de la commune qui passe toujours au plus fort de la chaleur en laissant des traces d’eau derrière lui. Au concours des villes et villages fleuris, la commune de Saint-Marcou détient une fleur qu’André Barrière entend conserver pour faire plaisir à son électorat le plus âgé. Et c’est censé attirer les touristes.
Convaincant ce texte, réalité ou fiction ? les deux et c’est à peu près la même chose. Merci
Merci d’être passée par ici. Réalité ou fiction, la ligne de la fiction est franchie j’espère