Margot se réveille. Il est à côté. Le silence. Un bruit sourd contre la paroi en placo isolant le mur de la chambre. Ce bruit est celui que l’on entend lorsque la porte de la cuisine a été ouverte à l’autre bout de la maison. Margot se redresse encore tout ensommeillée. Elle dresse l’oreille. La chatte n’a pas bougé. La maison comme sous vide est prise de décompression quand une porte ou une fenêtre est ouverte. Elle reconnaît ce son. Maintenant la tête pencher au-dessus de Luis. Non, elle ne va pas le réveiller tout de suite, peut-être un coup de vent. Elle regarde par la porte ouverte le long couloir plongé dans l’obscurité. Un court flash de lumière ; un halo de lumière hésitant ; des chuchotements ? Dans sa tête ? En vrai ? L’orbe se glisse dans le couloir, parfois s’arrête et pénètre dans la chambre et disparaît — Chou, je crois qu’on est entré chez nous pour cambrioler — Hein ?
Une nuit comme une autre dans un sommeil profond sans accroche ni aucun signe particulier, pas d’indice, pas de message, rien. Pas un souffle, pas une appréhension, pas d’appel, pas un mot, pas un symbole, aucune piste. Pas de courant d’air, pas de noir de la nuit, pas de jour qui se lève, pas un bruit, pas de sursaut, pas de rêve, pas de cauchemar, pas de douleur, pas de cri, de pleur, pas de perte. Rien, une nuit peut-être plus profonde que d’habitude ? Le lendemain, au réveil, il apprenait que son père était mort.
Les voisins les avaient raccompagnés parce que tous avaient bien picolé et bien rit ce qui a pour effet de décupler les effets de l’ivresse. Les phares de la voiture étaient éteints en partant. Ils ne s’en sont pas aperçu, ils ne l’ont su que le lendemain. Tout le monde avait tellement rit. Les bouteilles se succédaient et les rires étaient de plus en plus fort. L’herbe était douce. Le fauteuil dans lequel se rasseoir de plus en plus mobile. La voiture s’engageait maintenant sur la route qui retournait au village — qu’est-ce-qu’on a rit. Personne n’a vu que la route étaient éteinte. Une arrivée furtive et silencieuse devant leur maison. Il s’étaient souhaité la bonne nuit et remercier. Bonne nuit, du moins ce qu’il en restait. La nuit blanchissait.
Le vent soufflait tellement fort que la maison craquait. Le souffle des rafales cognait le mur et tout semblait imploser. Après plus rien quelques songes en surface, échevelés, la joue écrasée sur l’oreiller comme lorsque le vent vous la creuse, vous grimace, vous malaxe les chairs entre rire et cri.
Les miroirs qui ne tiennent pas très bien aux murs, dont les attaches avec le temps viennent à céder. La pesanteur des miroirs semblent s’appesantir de vos images ; choisissent la nuit du samedi au dimanche pour tomber avec fracas
La nuit prochaine sera celle de samedi à dimanche. Y penser à l’avance lui colle un présage. Et si nous n’étions que mardi ou jeudi ou déjà mercredi.
J’ai beaucoup aimé, surtout « les voisins » !