Pour le confort de tous laissez descendre les autres passagers avant de monter. Samuel et Tom sont dans un train. Lorsque le train s’arrête à cette gare, pour le premier il est la même heure trois fois par semaine, pour le second une fois par semaine uniquement, à cinq minute près. Samuel est assis dans la dernière voiture. Tom monte l’escalier et s’assoit sur le siège face à lui. Il dit bonjour et s’installe. Samuel répond bonjour et aussitôt trouve que le son de sa voix n’est pas sorti. Tom sort un ordinateur portable de son sac et le pose sur la tablette devant lui. Samuel ne fait rien. Pour le confort de tous laissez descendre les autres passager avant de monter. Il était apparu en haut de l’escalier et s’asseyait rapidement deux places plus loin côté fenêtre. Samuel était déjà assis côté couloir dans le fond de la dernière voiture. Tom avait ouvert son ordinateur portable et l’avait posé sur la tablette. Il n’avait pas bonne mine, ses yeux étaient cernés. Tom s’était levé à la hâte et trop tôt ce matin. Samuel avait entendu sa voix pour la première fois quand il avait parlé au téléphone. Samuel avait été surpris par cette voix sérieuse et posée, à moins qu’elle ait été empruntée à un jeu de rôle de société, à l’exigence de correspondre au personnage au delà des cernes et de la précipitation matinale. Bonjour résonne différemment, plus frais, pas enjoué pour autant, juste un peu plus qu’une formule de politesse — faisons le voyage ensemble mais pas trop, nous nous croisons jusqu’à l’étage sélectionné comme dans un ascenseur puis chacun descend. Tom avait entendu le bonjour de Samuel presqu’inaudible. Qu’ajouter à ce bonjour ? Rien ne lui vient. Aucune possibilité de suite. Pour le confort de tous laissez descendre les autres passagers avant de monter.