Quatre copines au cours de gym volontaire. Elles sont dans la salle des fêtes de Saint-Marcou. C’est la rentrée. Toutes les quatre regardent Julie pratiquer la gym. Elles ne l’apprécient pas trop, Julie, surtout Sandrine, une collègue de Julie qui exerce en maternelle. Elle la trouve présomptueuse. C’est le mot aussi de Lucie, bibliothécaire, qui le reprend à qui veut bien l’entendre. « Cette fille là est présomptueuse », dit-elle. « Elle est trop prétentieuse », se dit-elle à elle-même. Les quatre copines ont les mêmes difficultés à pratiquer la gym. C’est mardi et c’est la rentrée. Elles ont de nouvelles tenues pour la gym. Toutes les quatre sont en léger surpoids. Elles rencontrent des difficultés à progresser et s’encouragent devant leur manque d’allant. Elles sont toutefois résistantes. Toutes les quatre regardent Julie qui est au premier rang, comme une première de la classe. Elles essaient de suivre ses mouvements car elles ne voient pas très bien l’animatrice qui se cache derrière ses élèves du premier rang. Elles ne comprennent rien. Elles regardent Julie et écoutent l’animatrice. Les chorégraphies ne sont pas compliquées. Elles regardent Julie et elles la trouvent trop prétentieuse, trop entreprenante, trop regardante. Marie-France, 71 ans, petite et habituellement pleine d’empathie, estime que cette fille, Julie, est trop ambitieuse pour un petit village comme Saint-Marcou. « Elle est compliquée cette fille-là », se dit-elle en la regardant imiter l’animatrice de la gym volontaire des Familles rurales. Il y a bien Christine qui la trouve bien jolie et bien polie mais qui ne lui inspire pas confiance. « Trop polie pour être honnête », se dit-elle tout bas. Toujours est-il que ce cours de gym est une cour de récréation, avec ses affinités et ses inimitiés, ses cancres et ses premiers de la classe. Et il y a les chouchous, ceux que l’animatrice préfère. Il y a ceux qui construisent des ponts entre eux et ceux qui inspirent de la méfiance. Il y a celles qui sont complexées et celles qui se font confiance. Il y a celles qui aiment et celles qui préfèrent ne pas aimer. Il y a celles qui ont de la chance et celles qui éprouvent toutes sortes de difficultés. Il y a celles bien dans leur peau et il y a les autres, celles qui ne se font pas confiance.