#été2023 #02bis | Retour de flamme

si on ne sait pas que ce reflet qui traverse la glace de l’armoire c’est soi on sursaute. On a peur. On prend ses jambes à son cou, on s’enfuit de la chambre parentale, on retraverse la petite salle d’eau, le salon, on ne jette pas même un coup d’œil à la cuisine, on saisit la poignée de la porte d’ entrée qu’on ouvre, on retraverse le seuil dans une urgence, on ne la referme pas la porte, dévale l’escalier, courre dans l’allée devant la façade sans plus tenter de se la remémorer, pousse le portail sans le refermer, s’assoit au volant, tourne la clef de contact, passe la première, on se tire.

Puis en roulant le calme revient peu à peu, on regarde à nouveau le décor, les souvenirs et le présent s’emboîtent pour fabriquer un paysage qu’on traverse.

Si on ne conservait pas une impression de trouille si aiguë encore on pourrait tranquillement se dire aussi : ce paysage connu et inconnu, c’est moi, ce n’est rien que ça toujours moi. Mais on ne se le dit pas, on se fixe un but, aller quelque part, et puis ça suffit parfois pour imaginer s’y rendre.

Puis on regarde dans le rétro, impression d’avoir la gueule brûlée, comme un mineur ou un pompier, une gueule noire, une histoire de retour de flamme

A propos de Patrick B.

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