Pas besoin d’y retourner, je la vois cette rue immobile statique, le seul bruit qui m’en reste vers vingt-trois heure, des talons hauts énergiques passent devant la fenêtre de ma chambre. Mais je ne veux plus y penser. Trop calme cet immeuble. Une grande double porte ouvre sur un palier de minuscules mosaïques irrégulières. Un petit fenêtron grillagé, sur la droite, me fait rire, on y chantait pour entendre la résonnance. Encore à droite, notre entrée. La première porte au fond toute simple donne sur un couloir coudé, couloir-placard-dépotoir, propre et bien rangé qui donne sur la cuisine où les échanges et parlotteries sont toujours à voix basse, ce couloir était parcouru d’un pas furtif et silencieux, on était écouté de derrière la porte, on se taisait. Mais je ne veux plus y penser. Après la cuisine, comme toutes les pièces se rejoignaient, la salle à manger qui pouvait devenir chambre d’enfant ou des parents, c’est un appartement tournant, j’y vois nos deux petites tables d’écolier accolées qui ont changé de place plusieurs fois. Appartement travail, famille, patrie, non, non, je suis méchante. Je suis injuste. Mais n’y pensons plus. Je nous revoie dans cette salle, silencieux au premier plat, puis les enfants peuvent parler, Une barrière infranchissable, des non-dits tout le temps. Mon père que j’aime, lui, est ailleurs, ne parle pasOh non, je ne veux pas en parler. Ce ressenti des années après, cette athmospuére oppressante. Qu’a-t-il donc ce père, taiseux furtif. Mais non, je n’aime pas y penser.
Codicille. Pas de biographie, non. Non, autre chose à écrire vient doucement, autre chose. sinon rien.
Distant voices are still alive.
Ces effets acoustiques que tu parviens à saisir trace l’espace du lieu. Et la scansion, ne veux plus y penser (façon Sanson), elle pourrait t’emmener loin, comme « the fact that: » des Lionnes.