Je me souviens de cette histoire que j’avais écrite dans un état second. C’est mon histoire que j’ai racontée. Une histoire qui a surgi alors que j’avais regardé une vidéo où un écrivain évoquait l’histoire d’un tableau où figurait sa grand-mère aveugle. A ce moment-là, je ne me figurais pas que j’allais écrire sur moi. Je suis sortie de chez moi et j’ai fait une marche de cinq kilomètres à réfléchir mais je ne me rappelle plus sur quoi. Puis j’ai écrit, j’ai écrit sur mon ordinateur, dans le salon, pendant deux jours entiers. Plus rien ne pouvait m’arrêter, même pas les Folles journées de Nantes retransmises à la télé. Toute ma vie a défilé pendant ces deux journées où j’ai perdu le boire et le manger. J’étais sur un fil ténu, comme une fildefériste, une funambule grisée par ce qu’elle venait d’écrire. C’était un tourbillon, c’était une chute. J’ai perdu le dormir et je me suis affalée. Les mots et les images ont coulé de source. C’est une source qui a jailli pendant ces deux journées. J’ai perdu le dormir et je me suis affalée. J’ai perdu le boire et le manger, j’ai perdu le lever et le coucher. J’étais totalement désorientée. Je me suis affalée, totalement vautrée dans ce que j’avais écrit, sorti de moi presque malgré moi. J’ai perdu le dormir et le manger, j’ai été internée. Je me suis relevée, étonnée de ce qui est sorti de moi, presque malgré moi, mais toujours en moi.
ooooh ! Relevée de belle manière en tout cas ! et as-tu donné à lire ces deux jours-deux nuits ?
Non, je ne l’ai pas donné à lire. Je n’ai pas assez de distance avec ce texte pour le faire.