l’odeur du parquet – elles s’étaient assises par terre en rentrant du concert – l’odeur c’était la poussière – pas la saleté – la poussière du temps qu’exhalait le bois brut. Pas comme chez elle – elle c’était moquette et lino. Sa copine – quand on a une mère maniaque – c’était nickel pour une chambre d’étudiante – sous le zinc – l’arrondi des toits de Paris – c’était place Monge. L’atlas est lentement feuilleté – le doigt remonte des fleuves et franchit des vallées – des océans. Leur voix rauque retour de concert – se mêle l’odeur de cigarettes – cheveux poussière et l’âme entraînée plus loin encore que la musique. Encre – cahier de brouillon – carreaux d’écolier – encre belle plume – son plus beau cadeau – dans la nuit place Monge le monde dort – la camarade aussi – l’heure n’est pas au marché – les premiers forains – loin – ne chargent pas encore – un vent par les mers vient jusqu’à sa main ensemencer les phrases
» L’atlas est lentement feuilleté – le doigt remonte des fleuves et franchit des vallées – des océans. » » un vent par les mers vient jusqu’à sa main ensemencer les phrases » Comme j’aime cet appel à écrire, ce souffle géographique. C’est vraiment beau Laure.
Il y a de ces petits détails (comme en relève Muriel) qui sont des appels plein d’énergie. Il y a du vent. Merci.
Les odeurs – le toucher – la voix et la musique – progression rapide en quelques images jusqu’au moment d’ « ensemencer les phrases », j’ai aimé ces images en pointillé, merci.
très sensuel et vif, brossé comme une peinture à coups rapides ou alors comme un croquis, on peut y mettre chacun ses propres souvenirs de jeunesse, très similaires
Ce vent qui ensemence la phrase Place Monge . La mer et la poussière. L’Atlas. Et partir loin. Merci Laure