et c’est peut-être la seule raison qui explique ta présence à cette terrasse où tu commandes un café allongé vide de question d’urgence d’échéance tu as presque vingt ans tu sors le cahier de ton sac et tu écris tu écris sans savoir pourquoi tu écris sans savoir ce que tu vas écrire tu écris pour rien tu écris comme ça pour voir tu lèves à peine tes yeux tu écris les gestes d’un homme large en cravate assis près de toi tu écris sa façon de plonger le sucre dans son café tu écris cet homme depuis ce qui le met en mouvement depuis le rose de sa peau et plus tu écris plus tu disparais à l’intérieur de son volume tu le fais parler depuis l’intérieur de ses gestes tu ne vois pas son visage seulement ses mains les coutures de son costume sombre le sucre déjà bu dans le café les ombres changent autour de lui la table chauffe ton oeil trace des lignes enveloppe l’espace qui danse maintenant sur les pages blanches autour de l’homme ou peut-être d’un autre être vivant c’est sans importance tu as trouvé un moteur inédit qui ressemble à la respiration qui n’a besoin que de temps et d’espace tu as trouvé l’endroit où l’écriture n’est que de l’écriture qui produit de l’écriture.
Tu as perdu ce texte.
et oui tu l’as trouvé (ou vous l’avez; plutôt) et bellement, et comme la main sur ce papier sur cette table qui ne peut plus arrêter d’écrire on voudrait ne plus arrêter de lire
Un texte qui emporte
On est avec l’homme
Avec toi
Et on ressent ce moteur
Un texte qui emporte
On est avec l’homme
Avec toi
On ressent ce moteur
Ce texte là, tu ne l’as pas perdu, c’est le fil que tu as tissé en toi et avec le monde et qui laisse sa musique dans mes oreilles et m’invite à le continuer… Merci Lisa
ce regard là m’est très familier et ce petit carnet à la terrasse d’un café aussi, c’est exactement ce que je fais quand je ne sais pas quoi faire.
place Saint-Sulpice ça marche aussi 😉