Il se dresse, là, magnifique, à l’angle de la rue, grise, comme un jour de pluie.
Il se dresse là, paré de ses chaises argentées, invitant tout être à venir poser son corps volupteux dans la rondeur de l’objet afin d’oublier, ne serait-ce qu’une ultime seconde, les tracas maussades de la vie. A peine, vous êtes-vous assis, qu’un homme élégant et raffiné dépose sur votre table, un verre d’un rouge sombre déclinant chaleureusement vers le bordeaux, pour qu’aussitôt, vous vous sentiez, empli de saveurs et d’infinies promesses d’un monde meilleur. Invisible mais caressant, le vent emporte vos bribes de mots, pensées, et rêves, vers un ciel blanc, cotonneux, ouaté, comme suspendu à des fils invisibles, là, juste au-dessus de vos têtes, capturant la moindre parcelle de vos esprits et vous laissant l’âme et le coeur légers. En ce doux matin, à l’heure où dorment encore les bienheureux, est assise, une femme. Ses longs cheveux bruns volent, effleurant son visage pâle, à peine éveillé des langueurs de la nuit et tandis que les premières voitures roulent, silencieuses, sous son regard pensif, elle trempe ses lèvres délicates, non pas dans un verre de vin mais dans un café au nuage de lait, tout en croquant lentement un petit chocolat à la noisette pralinée. Non loin d’elle, dans la pénombre, se devinent des hommes, accoudés au comptoir, cinq ou six, en jeans et pantalons de travail, tee-shirts débordants de la ceinture et l’un d’entre eux portant un gilet jaune, cachant, avec peine, un ventre sale et grassouillet. Tout en faisant de grands sons et de grands gestes, presque grandiloquents, ils boivent des cafés et une bière, éructant leurs colères sur toutes les injustices de la terre. Elle ne leur parle pas, ne les regarde pas. Lentement, elle s’érige sur ses talons hauts et fins tout en attrapant discrètement les quelques pièces de monnaie cachées derrière une serviette de soie qu’elle glisse dans son petit sac de velours qu’elle avait dissimulée à ses côtés.
Puis, nonchalamment, se dirige vers sa destinée merveilleuse, voire lumineuse.
Le lyrisme caustique, avec le café du matin, merci.
Yes ! La bise Laurent.
urbain – mutuellement – merci Clarence
Il faut que l’on se prenne un café à Paris un de ces matins.
tu as glissé en moi un délicieux goût de café noisette (moi qui ne bois plus de café depuis des années !)
peut être le mot « noisette » à la consonance légère et craquante
merci Clarence
Merci Françoise, belle journée à toi.
Superbe ironie radieuse du matin !