Elle écrit allongée, allongée sur la couette de son lit, allongée sur une serviette de plage sur les graviers de la cour, allongée sur le carrelage de la terrasse. Elle écrit parfois assise sur un des fauteuils de cette terrasse. L’hiver, elle s’assoit de temps en temps sur la plage pour écrire face à la mer. Elle écrit depuis longtemps ainsi, allongée ou assise. Elle écrit seule, elle écrit dans les moments creux et calmes de ses journées, jamais la nuit. Elle écrit toujours en bleu, avec un stylo bille transparent et jusqu’à ce la réserve soit vide d’encre, sauf à l’égarer, elle n’en change pas. Elle écrit toujours dans des carnets, des carnets fantaisies. Ces carnets sont plutôt au format de petits cahiers scolaires et ils sont très épais, épais comme des livres. Elle en a tout un stock dans sa chambre, sous son bureau, dans une caisse en bois ; celles et ceux qui savent qu’elle écrit lui en offrent souvent. On ne sait pas où elle les range, ces carnets quand ils sont remplis. Là, allongée sur son lit défait, en fin de matinée, elle écrit avec son Bic dans un carnet relié à couverture en tissu beige et moelleux, pareil à un petit beurre. Les tranches de ce carnet sont dorées, elles brillent. Toujours quand elle écrit, elle porte un casque à musique. Depuis plusieurs mois, c’est un bleu métal sans fil ; il est relié à la playliste de son téléphone.
Et c’est très bien ainsi.
Et cette force implacable qui la pousse à écrire. On la ressent dans ton texte… si forte!