Il tourne en rond. La nuit tombe. C’est le crépuscule dont parle Marguerite Duras, celui de l’été quand il ne faut pas allumer la lumière à l’intérieur. Silence. La lampe est éteinte sur la table de la salle à manger. Manger, celle-ci sert exclusivement à prendre des repas, la table recouverte de papiers, de livres, de marque page, d’objets plus ou moins curieux dans la mesure où ils pourront servir d’appât à l’imagination un jour ou l’autre. La technique de l’hameçonnage au sens ancien du terme, dernier recours en eau trouble. Il porte des lunettes depuis peu et à donc réduit la taille de la police de vingt-cinq pour cent. Les oiseaux chantent dans le jardin, il ne peut pas fermer les fenêtres maintenant pour allumer la lumière et ne peut pas plus allumer son ordinateur. Il serait dévoré par les moustiques particulièrement voraces cette année et très attirés par la lumière bleue que diffuse tout écran. La solution du stylo et du papier n’en est pas une lorsqu’il fait sombre et que cette obscurité est maintenue pour entendre le chant crépusculaire des oiseaux. Un merle reproduit parfaitement le son du déclenchement à distance d’une voiture électrique au point qu’il pensait encore hier que son véhicule était garé dans l’allée alors qu’il l’avait laissé sur le parking proche de la mairie. Toute cette étrangeté le plonge dans un état de perplexité quand à son environnement proche et ne lui laisse pas beaucoup le temps de l’écrire. L’histoire d’un merle qui entre dans son répertoire la sonnerie d’une portière électronique, laquelle sera transmise sur quelques génération. Sur la table, un petit magazine très drôle mais sérieux, apprend que les merles transmettent parfois leur répertoire sur treize générations. Mais revenons à notre auteur au drame de ne pouvoir que constater seul une telle merveille de la nature se prendre pour un véhicule électrique. Mais revenons à notre auteur penché sur sa table bureau, dans l’obscurité crépusculaire d’un soir d’été. Les moustiques entrent bien dans la pièce et sont les personnages dont il n’est pas encore question ici sous les rires chantés des oiseaux. Tout juste distinguons nous un vase chinois en porcelaine au motif d’un oiseau exotique sous une grosse pivoine rouge. Il contient un bouquet de lavande séchée de l’année dernière. Ce vase du dix-neuvième siècle est en réalité un perruquier. C’est à dire que l’on s’en servait pour y ranger une perruque. Que celui ci soit devenu un vase n’a rien à voir avec le fait qu’il ne soit plus utile à ce à quoi il était utile mais les perruques de nos jours ne se mettent plus dans des vases tout comme une clé n’est plus nécessaire pour l’ouverture de son véhicule. Il devra certainement changer d’endroit pour écrire, poser une moustiquaire dans la pièce du premier étage, dans un environnement épuré. Il ne peut devenir un personnage, il doit être seulement l’auteur. Trop tard. Il est aux prises des personnages, il est hameçonné.
et voilà qu’avec papier ou écran il va peut être rencontrer l’écriture si le merle ne chante pas trop la voiture électrique… ou bien depuis le début il l’a rencontré ce flux des mots