Il existe depuis l’antiquité et sous multiples formes son suffixe déjà le détermine : «oir» indique un objet fonctionnel, arrosoir bougeoir armoire débouchoir urinoir butoir encensoir accotoir accoudoir dressoir crachoir vidoir…il est fait d’une devanture, de deux côtés, un derrière, un fond et n’a pas de couvercle. Il peut être multiple par deux par dix ou seul, grand large étroit mince, en bois ou métal plastique osier, à double fond, avec une clé ou sans, une poignée ou une simple rainure en bas de la face avant on y glisse les doigts, il peut être «à l’anglaise» il faut tirer la porte du placard pour y avoir accès, il devient optique–6 traversées 3C duplex monomode châssis coulissant 1U– verrouillé par un mécanisme, voir «serrures cadenas et clés du moyen-âge»https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1914_num_78_1_11673 ou un cadenas à combinaison, dans les cuisines actuelles il est à coulisses ou glissières, mécanisme permettant d’empêcher de le tirer hors de son boitier. II peut être remplacé par une jarre, un sac en velours, une boite à sucre en métal pour le cacher au fond d’un bois au pied d’un arbre. Il sert à tout, souvent de cachette à trésor enfantin ou véritable en or ou pièces de valeur, bourré à craquer en désordre ou bien rangé dans de petites boites délimitant la place des clous, vis, écrous chevilles ou celle des trombones, agrafes gommes stylos. Très vite remarqués par les voleurs, ils l’ouvre, le déverse sur le lit ou par terre à la recherche de médailles bracelets, bijoux. Il faut parfois frotter celui de la table en chêne avec du savon de Marseille pour qu’il glisse plus facilement. Il sert à l’occasion de couchage pour le petit dernier, il faut juste l’ouvrir, un coussin dessous, le bébé, une couverture quand la chambre est trop petite. On y cache un petit trésor aimé, on l’oublie, le retrouve, le nettoie tendrement, le pose sur la table de nuit le soir et le remet à sa vraie place de cachette le matin. Il peut se trouver dans une histoire une pièce de théâtre ou un film, alors plusieurs développements deviennent possibles : inventer la fin, changer l’intrigue en cours de route, modifier ou changer les personnages, jeu pour les enfants, vertiges aussi, possibilités infinies pour tous, le créateur, les lecteurs ou les spectateurs. Il devient ils, au centre de l’histoire, du film, de la pièce : Ils deviennent énormes, on peut y poser tout selon son humeur, et eux aussi décident de ce qu’ils vont recevoir, ils appellent ce qui va les remplir. À vouloir l’étendre, le redire le répéter le mot lui-même s’invente autrement, il devient un lieu quelque part qu’on connaît, il s’ouvre, le mot s’ouvre à le dire comme si on avait vraiment tiré la poignée, avec ses secrets contenus, la diction le fait rouler dans la bouche, il me dit oui, c’est ça. Mais à trop le mâcher il devient étrange, il disparaît, il ne dit rien il est là, inerte, ne représente rien dans la pensée. Laisser reposer, l’ignorer un instant, le laisser partir, il reviendra. Le jeune ado du livre y a rangé son problème, parce qu’il était ouvert, là, à côté de lui, dans sa chambre, avant de s’endormir. Il y range ses émois et ses angoisses qu’il ne sait pas nommer, il les pose dedans et le referme, ils sont à l’abri.« Dors tranquille, je surveille et ne m’ouvrirai pas jusqu’à demain matin ». L’outil à sortilège fait pour attraper les ombres garde ce qu’il y a mis, alors le jeune ado s’endort.
Et d’oser à peine en épeler mentalement le nom de peur de réveiller l’enfant qui dort… Très beau texte Simone
merci, Nathalie. Là, tu m’encourages, et c’est important. dans ton #P8, c’était dans un carton qu’on l’avait couché. Je vais lire ton #L9, je ne l’avais pas vu. A bientôt, Nathalie.
Moi aussi, comme Nat, j’ai peur de réveiller quelqu’un…
comme un jeu de piste, et puis trouver cette boîte, ce petit endroit où on cache des choses, ce coffret qui finalement semble être un tiroir
merci Simone…
Et bien je te remercie aussi. Ça me fait très plaisir. (Je viens de voir tes belles tomates, malgré ton pépin au dos, tu as pu continuer ton jardin ?
Comme Nathalie et Françoise, j’ai avancé dans le texte sans faire de bruit avec mes méninges, surtout ne pas prononcer le mot. Superbe, Simone !
merci Isabelle. C’est encourageant ton commentaire, ça fait beaucoup de bien. je viens d’aller voir ton mug, je l’avais déjà lu, mais tu as dejà fait une suite? Je vais voir.
Je m’associe à tous les commentaires ci-dessus pour redire que j’aime aussi beaucoup ce texte
C’est vrai ? merci, Michael. J’ai beaucoup de doutes pourtant, je rame quand même. Alors un mot comme le vôtre, ça fait vraiment du bien.
J’aime beaucoup le mouvement entre matérialité du mot et ouverture sur tous ses rôles possibles dans un récit. Vraiment dense.
Ah! merci Roselyne, j’ai essayé d’écrire -description – Usages – Et de finir par l’élargissement, pas assez développé, je voulais plus de rêve, d’invention chez l’ado.
bourré en désordre je connais (et rien n’y fait)
Brigitte, votre commentaire me fait rire, parce que c’est tout à fait vrai ! On m’a tout le temps dit ça. Et rien n’y fait puisque là, j’ai vraiment essayé un plan : – Description – usage – Élargissement des repères(Juste un peu à la fin avec l’ado qui se confie.).
Un objet secret pour garder des secrets que votre texte dévoile par petites touches. Beaucoup aimé votre description de la matérialité du mot. Merci, Simone !
Helena, merci beaucoup beaucoup. Très contente quand j’ai des retours!