Retourne dans cet immeuble qui le ramène, en boucle. La paume creusée pour recueillir la main chaude de l’enfant qu’il appelle son sésame, reconnaît les carreaux dépolies de la cage d’escalier qui déforment la balme, à moins que ce ne soit la torpeur de l’après-midi qui fige les petits arbustes aux feuilles avachies. Entend le tintement des couverts dans la cour, et le silence dans les interstices, quand la minuterie s’arrête. Continue à grimper en tirant le petit bras vissé comme un mètre de menuisier. S’arrête au dernier étage où les marches ressemblent à des pierres de lavoir. Des pots de fleurs empilés dans la pénombre. Là où je cacherai mes clés. Attrape le petit sous les épaules. Vraiment léger. La pulpe du petit index appuie sur le téton de la sonnette. Transparence orangée que prend la peau à la lumière de l’après midi. Clin d’œil en entendant le carillon. Oreilles circonspectes. Peut- être une pupille dans l’œilleton à quelques millimètres. À la recherche d’indices. Ne sait jamais ce qu’il va dire, le vide, la réplique qui se dérobe. Sonne à nouveau. Inspiration. Et puis dans le souffle de la phrase qui se déroule et se compose, comme on jette une nappe sur la table, en ajustant bien les deux côtés/ je suis votre voisin d’en face/ je voulais vous demander si je pouvais prendre une photo de mon appartement de votre fenêtre/ vous comprenez pour m’apercevoir sous un autre angle/ de chez vous. Trouve tout cela un peu alambiqué. Je pense au jeu qui consiste à mettre une ficelle rouge en boucle autour des doigts pour venir tricoter des nœuds qui formeront des ponts et même des tours Eiffel.