Se sentir disparaitre, s’effacer brutalement, se désagréger du monde
tomber dans un puits sans fond, glisser sur les parois sans même essayer de retenir la chute — même les aliments ne rentrent plus dans ce corps qui s’efface, juste le liquide pour qu’il se liquéfie plus vite ? — cette transparence progressive qui s’opère chaque minute pour arriver à qui quoi quand — se poster face aux autres et voir leur regard traverser cette invisibilité — la peau grise et sèche, les yeux hallucinés, la substance devient « insubstance » — juste un effondrement sur un carrelage froid, un passage dans un mur de ciment, un arrachement des chairs
Tout mouvement est dorénavant interdit
surtout ne pas bouger — la douleur irradie au moindre mouvement — elle réveille et explose le corps — le manque de sommeil s’accumule de jour en jour — cela amplifie la douleur — des questions tournent en boucle, comment uriner, se laver, vivre dans ce contexte — devenir dépendant pour tout — apprendre à attendre le bon vouloir — interpréter les bruits — s’imaginer rampant pour fuir — boire à la paille — déglutir allongée — compter les heures avant la prochaine dose de morphine
Impressionnant.
Merci Cécile
Merci pour ton texte .
Des sensations oubliées , qui me sont revenues avec intensité .
Comme un flash , par la force de l’écriture
Merci Nicole