la litanie des mère abandonnées qui vont doucement susurrer la chanson éplorée des enfants qui ne seront jamais de qui ils sont nés. Maman est en haut qui pleure à gros sanglots, papa n’est pas là, papa n’est pas là papa n’est pas là. En chantant reviennent les mères fatiguées dans la pièce sombre mais aérée le carreau trouble un peu frotté en bas, sur le côté. Et reviennent les lambeaux les demain les cadeaux les presque rien les photos les absences de mots les dessert ratés les bus pas pris les nuits les cachets et les portes closes pallier. En chantant parfois on pense revenir de là-bas, de l’autre côté on pense s’en sortir en chantant on ne pense pas vraiment il faut dire. Et ça ne change rien de toute façon puisque, eux, ils ne reviennent pas. Il faut alors remonter les pas, les leurs, remonter la file, les heures, remonter la bobine, l’histoire, le trajet pour bien, bien se demander où tout ça à commencer il faut comme dans un film en accéléré remonter la rue en arrière, mener l’enquête à l’envers reprendre des bouts de vie, découpés, passer quelques pages et coller là la suite, parce que c’est là qu’on la voudrait. Il faut trouver cette place et cette ville dont on ignore même si elle a existé, il faut y être sans jamais y être allé il faut y avoir attendu comme lui et avoir senti à quel moment il s’est remis à marcher. Flairer le nez par terre comme une chienne trouver et remonter la trace qui nous y mène. Et se perdre en chemin. Suivre d’autres gens, d’autres vies. Et se perdre derrière une porte cochère où des cheveux blonds se désespèrent où un ventre creux crie et se lacère où une bouche ne s’ouvre plus que pour plaire. Il faut sauter emboiter le pas de l’animal au ras du sol que plus rien ne trouble, le suivre le nez par terre en oubliant que les sons peuvent nous dire quelque chose de ce père. Faire semblant de ne plus rien entendre, faire semblant d’avoir pu gommer les sons. Et remonter la piste en remuant la queue. La piste qui mène aux amoureux, aux choix impossibles à faire de tous ceux qui embrassent trop, un peu sur élevé l’air de rien sur une marche un après midi où tout allait bien apparemment. Une après-midi où ce qui ne se dit pas se décide, et où tout de même on lui passe la main dans les cheveux, pauvre petite. Reprendre la route, le nez par terre, suivre le sang, et l’empilement extraordinaire des questions sans réponse.
Terrible image de la chienne lorsqu’il s’agit de retrouver la trace – mais en la matière, ce réalisme est vraiment de mise, il se fond totalement dans l’ensemble du texte. Souffle court !
Merci pour votre lecture !