Plus possible de rester sur le banc, assis à fondre sous le ciel. A pleuvoir tant et tant qu’il faut rentrer sous le porche. A rester sans bouger, ne sentir que des malheurs.
Ma tante vient de décéder à Carhaix, épuisée par un cancer généralisé, toute une fleur géante dans la bouche, faisait craqueler les mots. L’à peine conscience. Baignée d’eau, l’à peine lessive salée qui revient, humecte le mot, le rend encore vivant. Les algues repoussent d’elles-mêmes.
L’air est si froid depuis le corps, l’humidité rampe le long des épaules, si bien que la fenêtre elle-même devient tentacule de pluie, le front flotte à travers le rideau de pluie, la vitre disparaît dans la luminosité. Minuit, tout flotte et dégouline. Parfois le plomb tombe aussi dans le jardin sui se creuse sous les coups de blocs qui massacrent la terre. L’eau devenue pierres polaires. Toute la journée tombe à travers le ciel.
Dans la matinée, sur son chantier, deux jours à ressasser, la chute au dedans le corps, l’écrasement du coeur dans la cage thoracique, la chair mêlée au métal – sur son chantier le mari de ma cousine, le chantier dans le sang, écrasé par le poids d’une charge qui s’est décrochée de la grue qu’il manoeuvrait, la charge du ciel tombant, effondrée sur lui.
J’essaie de rentrer son corps à l’institut médico-légal.
Aujourd’hui coloré de pluie vigoureuse tombant tombant, son corps sous la lampe des médecins légistes.
ma voix sans lumière le tirer vers moi par les yeux par les bras, venir si rapide, la table aux coussins de fleuve, et sous le fusain des mots, son corps recyclé de force dans le creuset des mots.