Je ne retiens pas mes rêves, suis de celles au sommeil de plomb, aussi ici ne seront répertoriés que les contenants de nuits allégées ou entrecoupées
Tanguer, mouvement tempétueux du voilier, claudication d’un gars de l’équipage, allongés sur le pont de bois verni fouetté par le grain, fuir le gasoil qui poisse les cabines, s’éveiller régulièrement en se demandant si cette traversée pourra ou non se finir sans chavirer
Mécanique: Les tic-tacs décalés des multiples horloges qui ornent les murs de l’appartement de ma grand-mère, si le coucou a pu être cantonné en animal diurne, le carillon reste roi de la nuit, délaissant juste le marquage des temps intermédiaires comme les demi-heures ( de jour sonne-t-il les quarts d’heure aussi? )
Dure lutte contre les paupières qui se closent alors que la station horizontale n’est pas encore acquise, que l’on tente par tous les moyens de ne pas sombrer, que la discussion ou le film soit passionnant…
Synchroniser les respirations, régler son souffle sur celui de l’autre dormeur , pour régulariser les saccades d’une suspicion d’apnée du sommeil, ou accompagner ceux qui inspirent expirent leurs premiers airs de nuit
Moiteur des draps de Moltifao, ouvrir la fenêtre aux éclairs qui rayent les aiguilles de Popalesca, et ce malgré le ballet des rats funambules qui traversent les fils électriques.
Premiers regards apprentis nyctalopes, de nuits solitude en chambre étrangère, détailler reflets de lumières clair de lune ou néons. Habituer la rétine au nuancier des ombres pour distinguer les bibelots des étagères, tâcher de recomposer de mémoire le fouillis des objets auquel on ne songe que par insomnie.
Surprise des éveils de nuits de festival où comme on fait son lit on se couche, un pseudo matelas pour lisser le sol , à caser dans un espace bien anarchique , patchwork de corps… juste échoués là où la fatigue les a déposés
Les plaisirs de ces premières nuits de vacances à la mer, où l’on s’offre le luxe de ne pas dormir dans l’habitation louée, mais sur la plage ou sous les étoiles sur la terrasse avant de retrouver … et se souvenir que gratte le sable, piquent les moustiques ou le sel qui imprègne peau et cils et si l’on a résisté éprouver l’inconvénient du choix du soir, lieu où la voûte céleste est le plus visible, qui se révèle cruel dans la lumière blanche du petit matin.
Juste le nez qui émerge d’un duvet, la toile de tente qui se fait écran des projections de branches en ombre chinoise, ou écho des bruissements des déplacements du peuple de la nuit, et l’écho de la rivière en contrebas qui résonne sur cette membrane plus ou moins tendue.
Et la mélodie des sous-toits, tuiles ou vélux qui crépitent de pluie ou de courses de furtives fouines ou belettes ou envols de chouette ou corbeaux égarés
Du rythmes et de belles métaphores, on est avec vous dans la cabine ou sur le sable.
Merci Laurence, pour cette présence , ces mots qui accompagnent les lectures, et font se rejoindre écritures et ressentis de lecteurs… je viens de jeter un œil sur vos poèmes Facebook, et les suivrai attentivement…