Sous la voûte portée par les hauts murs de pierres et de vitraux, symboles d’un temps dont on sait à peine la réalité, un parterre empli de pieds qui raclent le sol, de chaises sur lesquelles se contorsionner pour trouver la position qui convient le mieux aux dos fatigués des présents ce soir là. L’opulence des immenses lustres surplombe le chœur, éclatant la lumière en faisceaux criblant les visages assemblés et serrés au-dessus des vêtements noirs qui estompent les formes. Une centaine de choristes, masse noire sur les marches, dérobant la vue de l’autel. À leurs pieds les musiciens, violonistes, violoncelliste, organiste, flûtistes qui viennent d’achever d’accorder leurs instruments. Les partitions s’éploient. La langue contenue sur les portées est sur le point de prendre vie par les voix des corps qui se redressent, focalisent leurs regards sur le chef d’orchestre – dont un pilier me cache la vue . Les archets sont tendus, les flûtes arrimées aux lèvres, les pieds des spectateurs se sont immobilisés, les chaises d’un autre temps ne grincent plus, le silence se tient en apnée. Le souffle est en suspens. Une véritable déflagration surgit soudain des voix et des instruments, en un parfait mouvement, une harmonie céleste, répondant au signal de la baguette du chef d’orchestre, et déchirant les chairs et les pierres en esquilles de lumière. On s’attendrait presque à voir se briser au sol les lustres.
Une réponse à “Éploiement”
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« le silence se tient en apnée », tous à l’unisson
tension dans les doigts, au bord des lèvres, au bord des coeurs