Peinture bleue au petit matin, découpe d’une petite main qui s’ouvre à peine sur des choses souples.
Murs râpeux, poreux, mélodie des histoires du soir, narration de tendresse, musique des âmes qui se rejoignent et rassure.
Lit humide, attente du petit matin, incorporer dans sa chair la matière mouillée pour ne plus la sentir, ne pas bouger, ne pas réveiller la colère.
Coton rêche, vieux draps marqués d’initiales oubliées, soif d’une peau qui sue de fièvre et de délire.
Jean brut tapissant les murs d’une chambre refuge, enveloppe dans laquelle le corps se cale, en mue, pourquoi en sortir et se sentir nue ?
Tommette brune, fraîche, où deux âmes, assises dans leurs corps timides, flottent en harmonie sur la partition du flot ininterrompu de leurs paroles.
Velours rouge d’un fauteuil de l’Odéon qui accueille à l’improviste une torpeur amoureuse née d’une nuit blanche.
Draps synthétiques, odeur de tabac froid, fontaine de pleurs, dernier sommeil retenu par une mélodie de mots en langue orphique universelle.
Patchwork de tissus réchauffant les murs blancs d’une chambre sous terre, elle a dormi là, l’odeur n’y est plus, sommeil profond, la tête lourde dans le matelas sec.
Tissu épais d’un fauteuil d’où jaillissent un jet de mots qui remettent au monde, puis du silence, enfin.
Bel assemblage de peaux et de matières !
Merci pour cette lecture éclairante !
Des matières naissent les images, les sentiments et les pièces dans leur intégralité.