se tenant la main ils marchent dans la forêt elle dit tu savais qu’il y a beaucoup de puits abandonnés dans la région on les a laissés à l’abandon et la végétation les a recouverts il y a des histoires de gens du coin qui ont disparu comme ça ils marchaient dans la forêt et ils sont tombés dans un puit abandonné
ils se baissent pour passer sous une branche en travers du chemin il soulève la branche pour l’aider à passer elle prend sa main passe de l’autre côté se relève il la regarde elle lui demande tu trouves ça normal d’être avec moi il dit oui pourquoi elle dit je sais pas c’est juste que parfois j’ai l’impression de te connaître puis l’instant d’après je ne te reconnais plus et j’ai peur parce que tu es là juste à côté de moi et tu es un étranger et je ne sais pas ce que tu penses je ne sais pas si tu me veux du mal ou si tu me veux du bien j’ai très peur dans ces moments-là tu sais vraiment très peur mais l’instant d’après je te reconnais et c’est comme si je me réveillais je reviens dans le monde que je connais les choses sont normales et tu es toi et je me dis que j’ai été bête et je n’y pense plus
Rêve ou cauchemar… Je ne sais pas qui je suis aujourd’hui…
J’étais dans ce rêve. Je m’étais réveillé, ils étaient là devant moi, les deux, au bord de l’eau un peu trouble, pesante, silencieuse. Vous m’attendiez, j’ai demandé. Oui, ils ont répondu. Et comme j’allais avancer non, rien, ils n’étaient plus là. Plus rien que l’eau, toujours aussi obsédante.
Les âmes errantes remontent les ruisseaux vers les sources forestières où trois pierres dressées leur font une chambre précieuse. Dans l’angle obscur elles se coulent et se lovent. Au crepuscule une traînée blanche les révèlent parfois. Mais le plus souvent elles sont rêves dans le rêve.
Tant que je la tiens par la main elle ne s’envole pas. Tant que je la tiens par la main.
Tant que je le tiens par la main il ne peut pas aller chercher sa canne à pêche à la voiture.
L’eau est trouble encore ça me rappelle ses yeux et aussi le chien du type qu’on a croisé en arrivant, celui qui a dit de faire attention aux puits.
Je suis là pour une fois, d’habitude il vient sans moi, je crois que je l’empêche d’aller chercher sa canne à pêche.
Je ne veux pas qu’elle s’envole. Je veux qu’elle reste là avec moi. Je vais lui dire.
Tu ne veux pas aller chercher ta canne à pêche ?
Il a dit « Tu vois ! », en effet il y avait une butte, en m’approchant j’ai distingué un rebord en pierre de forme circulaire, on pourrait croire que c’est on bloc de pierre entier car le trou est entièrement recouvert de lierre et de plantes grimpantes, mi-séchés mi-vertes. J’ai eu envie de m’allonger dessus pour voir si les noeuds de végétation me retiendraient. Il était déjà en train de déchirer les feuillages avec avidité comme si il était pressé de voir à quoi pouvait ressembler le fond d’un puit abandonné, peut-être pensait-il y trouver un cadavre légendaire. Ses fesses s’agitaient sans grâce dans ce remue-ménage mené par ses bras se débattant contre le ridea
Il a dit « Tu vois ! », en effet il y avait une butte, en m’approchant j’ai distingué un rebord en pierre de forme circulaire, on pourrait croire que c’est on bloc de pierre entier car le trou est entièrement recouvert de lierre et de plantes grimpantes, mi-séchés mi-vertes. J’ai eu envie de m’allonger dessus pour voir si les noeuds de végétation me retiendraient. Il était déjà en train de déchirer les feuillages avec avidité comme si il était pressé de voir à quoi pouvait ressembler le fond d’un puit abandonné, peut-être pensait-il y trouver un cadavre légendaire. Ses fesses s’agitaient sans grâce dans ce remue-ménage mené par ses bras se débattant contre le rideau vert. Mes mains sur sur son dos, la colonne vertébrale lourde, le t-shirt collé par la sueur et l’écho de son cri étouffé par la forêt si calme.