Oubliée. Sale. Protubérance sous une couverture. Prise pour un rat. Une poupée finalement. Poupée d’un autre temps. Héritage d’une mort sans héritage. Poupée d’un autre temps, d’un temps qui ignore plastique et matière molle, souple, douce, incassable. Des doigts ont gratté la jambe. Quels doigts, de quel enfant? Sous la peinture, une matière vitrée. Pas du verre pourtant. Les orteils entiers, sont bien dix, et les mains, pouces distincts, droits. De cheveux, restent quelques filasses noires, courtes. A eu la pelade la poupée. Les paupières basculent quand on la penche, la gauche ne se relève pas. Un clin d’œil? Plutôt un oeil borgne. Tête pelée, oeil torve, elle tient du rat qu’elle a sans doute fréquenté. Cadeau. Une poupée. La mère offre sa perruque blonde, lui enfile un bonnet d’enfant pour assurer la tenue de la perruque. Coiffée à la Marilyn la vieille poupée au teint blafard. Une robe d’enfant conservée dans les tiroirs et, par-dessus, une robe de princesse, couleur du beau temps, impossible, dérangeante. Sur le lit, sur le dessus de lit linceul. Les morts s’accumulent. Bonne nuit !