Passé de l’ombre à la lumière, le cœur soulevé par la chaleur d’août.
Sur la table de chêne noir, effleurer les livres empilés, attachés par des rubans, futures récompenses, prix d’Honneur, d’Excellence…
Premier anneau enfilé sur le bâton tendu à l’horizontale, deuxième tour, anneaux brinquebalants au manège.
Manipuler avec précaution ses timbres de collection, ce bleu, si précieux « milliards de marks ».
Nocturne, furtive, la « petite souris » a troqué ma dent contre une ligne au flotteur bariolé ; on ne voit que lui sur le marbre noir de la cheminée.
Une allumette, une feuille de journal, branchettes, écorces, « bourrée », la flamme monte, claire, réchauffe d’abord les yeux.
Enfant qui pleure son voilier immobile au centre du bassin ; le fil d’une bobine, tendu en diamètre, croche le mât, le ramène au port, petites mains qui battent.
Flamme rouge traversant le pommier, l’écureuil.
Cachées, incertaines, découvertes au vent des genets, billes immobiles, regard fixe du chevreuil.
Au cœur de la retraite aux flambeaux, brandir fièrement un lampion balancé aux accents de la grosse caisse.
Tenir la barre pour la première fois, « ferme, moussaillon ! », le pêcheur assis près de moi.
Branché, bien posé sur ses rails, faire démarrer pour la première fois un train électrique.
Monter sur l’estrade, devant la classe, prononcer « A moi, comte, deux mots ».
De la grosse bouteille au bec courbe, distribuer l’encre violette aux encriers blancs des pupitres, faveur insigne du maître.
Au Jardin des Plantes, un jour de taille des arbres, rencontrer son meilleur copain, Athos et d’Artagnan invincibles.
Vers le ciel, lâcher la flèche d’un arc fabriqué d’une grosse branche de noisetier, l’arracher du sol où elle s’est plantée.
Courir les mains ouvertes sans pouvoir attraper les premiers flocons de neige.