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Enfoui. L’univers des pages. Leur nombre énorme sous l’épaisse couverture illustrée. Je n’ai pas eu à décider. Avancé comme à tâtons, bousculé par des consonances insensées, cahoté sur des chemins ravinés ; dégel. Trottant en troïka, sautant de malle-poste en tarantass, en kivitka…
Il sait qu’on l’appellera, il a confiance, on viendra le chercher. Perdu aux confins, Sibérie, Sibiria, il s’est abandonné à la neige, aux cristaux aigus des mots, noyé… sauvé en passant l’Ienisseï, guidé par les yeux des autres. « Regarde, de tous tes yeux, regarde ! »
Brûlées, ses larmes, brûlées, les étapes
Pourquoi ira-t-il jusqu’au bout des pages tournées avidement ?
Impossible de quitter du regard un enfant qui lui rappelle le tapis rugueux où s’allonger, dos à la cheminée, un coussin, lutrin sommaire, relevant le livre. Avec lui, maintenant, je suis retourné jusqu’à Irkoutsk, nourri d’aventures, modeste Chevalier à la Charrette m’entraînant vers la vie, vers la mort.
Il y a un livre là (et une espèce de mal de mer à sa lecture — une cinétose — à y être « embarqué ») — mais lequel ? (Mon inculture…