Oubliée la couleur des murs. Oublié le petit paravent; le renfoncement avec le lavabo. Oubliées la suspension à franges et sa lueur jaune; l’ombre en piste de cirque et le cheval à bascule; oubliées la chaise à hauteur d’enfant, la poupée sans yeux. La cour sombre en fond de fenêtre. 3m50/4m50. Cette fenêtre. Une porte. Le lit superposé je le vois. Il abaisse le plafond de la chambre vers la terre : un parquet nu.
Volets mi-clos. Le châssis de la fenêtre moisit. Murs de plâtre. Fissure. Un clou dépasse, s’y entortille un fil de laine rouge : cochon pendu ou bien lasso. Un bonhomme bâton à gros traits de craie court le mur. Aux lits jumeaux des couvre-lits bosselés ( les oreillers se cachent). Une pile d’illustrés et de livres en tas. Le tiroir de la table de nuit grand ouvert et le motif du tapis disparu sous les souliers d’enfants jetés en vrac.
Une chambre traversante. De la salle à manger vers une autre chambre. Et retour dans l’autre sens. Côté salle à manger l’armoire massive fixée au mur est à miroirs, un par porte. Du lit de camp qui sent le métal je me vois coupée en deux. Dans le biseau des miroirs le chambre se démultiplie : vision kaléidoscope. Droit devant, après la porte de gauche : la fenêtre et l’infini des toits. La cheminée de marbre on dirait de la viande hachée.
Le motif Liberty du papier, Dahlia-Garden ou Gardenia Lilly -, dominante parme, tâches ocre. A mi-hauteur, mur de droite des étagères en quinconce : alignement de tranches blanches et or rompues aux rouges d’une autre collection. Un lit à une place très bas, son cadre noir à tiroir; un petit coffre contre le mur de gauche est du même bois, du même noir. Le bureau et sa chaise regardent la fenêtre. C’est au dernier étage sous le plafond oblique : zinc, pigeons, ciel.
Murs palimpseste d’affiches déchirées; femmes en robes blanches dans un paysage. L’Odalisque, son long dos violon. Venise barrée d’un titre avec le mot mort … Trois lits adossés aux trois murs, défaits. Un bouillonnement de draps. Au centre, une table et ses trois chaises : café lyophilisé, cahiers. D’une seule fenêtre rectangulaire baille un jour blanc, comme un écran fixé très haut. Pour voir la forêt de pins en plongée il faut se hisser sur le lit.
Bleue sans plafond. Sa tapisserie molletonnée. Ses appliques jumelles vieil or, et le paysage dans son cadre dix-huitième. Les lits jumeaux rapprochés gansés ivoire; les tables de nuit acajou avec leur lampe. Il y a aussi deux fauteuils sans accoudoirs très courts sur pattes ; un bureau avec buvard et une lampe à abat-jour de velours. La corniche moulurées fait le tour de la chambre sans plafond. Ce vide en surplomb. Cette béance. Une chambre sans envers. Comme posée là: un décor.
Merci Nathalie de saisir ainsi ces fragments lointains et de nous y faire vivre comme si ils étaient là, présents, touchables, vivants. Jusqu’à la sixième chambre qui n’a pas d’envers. Magique. Merci Nathalie.
le fil de laine rouge me plaît autant que la bleue sans plafond…
Le lit superposé qui abaisse le plafond, le lit de camp qui sent le métal, de la fenêtre baille un jour blanc, zinc pigeons ciel, j’adore, et bien sûr la dernière. Merci, Nathalie.
tout ce qui est oublié fors ce plafond surbaissé par le lit du dessus – le début de délabrement et les enfants remplacés par les chaussures – l’odeur du métal er ke fractionnement de l’image – la petite chambre romantique sous le toit – les trois lits, la vitalité des enfants et la foret à conquérir – la chambre sans plafond comme un décor
et l’écriture qui nous les donne à mots e syntaxe choisis
Ugo, Piero, Anne, Brigitte merci de vos lectures.