les bouchons multicolores pour la pêche à la truite, la ligne rouge au milieu du vert sombre
l’inflorescence ailée du tilleul, le tourbillon dans l’air de l’hélicoptère, la feuille ouverte en deux collée sur le nez comme une trompe
le marron verni et lisse sorti d’une bogue hérissée, le fruit gratté contre la pierre afin d’extraire sa pâte molle
les trèfles à quatre feuilles dans le massif de rosiers, la triche d’une cinquième feuille arrachée, l’insolence du sort
les grappes de lucioles la nuit au bord du sentier, la bête invisible auréolée de vert luisant
le goût acidulé des mûres d’août et le jus violet, tenace, sur les mains
la course dans les champs de blés, les épis cassant qui cèdent sous les pieds, l’infini d’une vague de soleil
les tournesols grillés à la fin de l’été, l’allure dépitée, les graines déversées sur le sol de la chambre
les parcours à vélo sur les mottes de terre bosselées, le jardin clôturé rendu à la vie trépidante des aventuriers
les cabrioles du cochon pendu, pieds dans les anneaux tête à l’envers bras dans le vent
l’entrée par la fenêtre après avoir escaladé le mur de la maison, la sortie par la fenêtre, l’invention de ses propres chemins
l’inconnu d’un tour dans la foule sans la peur, ses propres repères affirmés, le jeu d’une enfant trouvée