La première girelle mâle, récent ou non, décrochée de la palangrotte et tenue au creux de la main et ses couleurs si belles qu’on la garde un peu sans la poser dans le seau.
L’eau qui s’écoule dans la rigole quand à l’heure prescrite on soulève la petite plaque de métal pour arroser une parcelle.
L’entêtement d’une fourmi à contourner en poussant sa charge les obstacles que l’on pose sur son chemin sous la pinède.
Le petit tableau de pétales et fleurettes disposées au sol près d’un arbrisseau-repère sous un bout de verre trouvé que l’on recouvre de terre pour garder ce secret.
Le goût de la bouchée d’anémones de mer ratatinées par le feu.
L’odeur de la peau grenue et souple de la mandarine sur les mains et le parfum qu’un morceau déchiré et posé sur la sole du four tiède répand dans la cuisine.
Le recueil des enluminures aux formes amples expressives, sans le brouillage des paysage, des Grandes Heures de Rohan offert par la grand-mère.
L’irisation délicate et lumineuse de la coquille du nautile sur une étagère dans le bureau du grand-père à Alger.
Le lac blanc emplissant la vallée, un matin de fraîcheur humide, sur lequel la terrasse au bout du jardin avance comme une proue de bateau.
La poupée à la taille mince, la poitrine ronde sur corset noir, les bras fins et raides dans une chemise blanche et les pieds de plomb ramenée de Grèce par le père.
La finesse d’un gecko desséché
La saveur d’un abricot posé pendant une ou deux heures sur le sol du balcon ensoleillé.
Le ballet coloré dans le grand aquarium qui séparait en deux la grande salle du petit bâtiment de la Société Nautique comme suspendu sous la promenade du port d’Alger.
La douceur solide des pierres et la géométrie du clocher et des galeries du cloître du Thoronet contre la lumière.
Les nervures d’une feuille à contre-jour, observée depuis l’ombre fraiche.
Je m’émerveille de vos images, tous « Le lac blanc emplissant la vallée un matin de fraîcheur humide sur lequel la terrasse au bout du jardin avance comme une proue de bateau. » trouver les mots et les phrases pour respirer les images Merci Brigitte
merci (en relisant celui-là ai cédé et rajouté pendant que commentiez des virgules 🙂 )
Merci Brigitte. Merveilleux. Un seul bémol concernant « Le goût de la bouchée d’anémones de mer ratatinées par le feu ». La seule recette à suivre impérativement après les avoir bien rincées à l’eau de mer, les sécher sur un linge ou du papier, puis les fariner avant de les laisser frire dans l’huile d’olives un court instant. Elles doivent rester blanches. Elles livrent alors comme un goût de fraîches noisettes iodées.
quel dommage que ma tante n’ai pas su le faire !
particulier et sensible merci pour cette contribution…
merci
respirer les images dit Nathalie
oui, beau beau, la dernière particulièrement persistance pour moi…
merciFrançoise (la feuille en commun avec Romain)
Merci pour la douceur du cloître et celle de l’abricot, la coquille du nautile et la peau de la mandarine ( je m’en vais de ce pas en éplucher une…)
pas facikle à trouver les mandarines maintenant (remplacées par les clémentines )
« Les nervures d’une feuille à contre-jour, observée depuis l’ombre fraiche » Juste magnifique. Votre texte, les évocations en creux. C’est sublime. Merci chère Brigitte.
peut être un rien excessif non ? sourire devant cette gentillesse
Non, pas excessif. A vous lire, je me demande comment j’ai bloqué. A vous lire, ça semble si facile, alors que… Vous nous ramenez tellement bien à ces émerveillements d’enfance. Merci.
oh merci Anne me faites du bien