La maladie d’enfance, celle qui se fait compagne de quelques jours spéciaux, le diagnostic, le thermomètre – le pénible tribu à lui payer pour qu’il rende son verdict -, la restriction de boisson, la diète, l’interdiction implicite de bouger, l’obligation à rester confinée, allongée, rien de grave ou de très grave, parfois jusqu’à l’inconscience des médecins et des parents et le risque mortel juste frolé au prix d’une large et épaisse cicatrice. L’isolement dans les chambres à divaguer lors du pic de fortes fièvres, à voir s’étirer les motifs de fleurs ou de pierrots de la lune au visage plat, leurs yeux noirs comme des billes à s’envoler, se décoller du mur, faire la sarabande, la danse ronde folle d’impression fausse née d’un mauvais dosage d’aspirine.
Deux ou trois semaines d’une fièvre moyenne, la mesurer, la ressentir, n’en rien dire, tenir bon, se soigner de pommes et d’oranges, de sommeils rallongés, jusqu’à ce que le cou enflé et la gorge de feu oblige à la confession. Chez un médecin inconnu, un homme mou aux mains trop grandes, se laisser palper le cou, le torse, l’abdomen, tousser, ouvrir la bouche. On sait maintenant que ces maladies virales souvent passées inaperçues dans l’enfance, pénibles dans l’adolescence sont le terreau aux graves conséquences de lourds panoramas d’auto-immunité. Seulement un rire graveleux et des sous-entendus. Maladie du baiser, mademoiselle.
Les soigner autrement, éviter les antibios, arrêter le lait de vache, préparer des infusions de thym, presser des jus de citrons, préparer la dilution de jus de myrtille, faire avaler des mixtures venues de Suisse bourrées de mille jus de plantes, le mot plante n’est-il pas dans son nom ? Fourrer leurs oreilles de cotons-tiges trempés dans des élixirs suédois qui font des petites antennes de chaque côté de leurs visages pâlichons, bains chauds, bains frais, musique, histoire, chansons, livres et contes, dessins et dessins animés, découpages et collages, journées pyjamas et huile essentielle de lavande. Quand on toussait, on n’aurait pas pu avoir Hélicidine comme avec les mères normales ?
ah oui c’est bien les herbes, les infusions mais… garder l’oeil et ne pas manquer le moment où faut vraiment autre chose… une envie de lutter et ce qui tue le virus ou autre