Placards, tiroirs, étagères, que cherche la petite fouilleuse à toujours les ouvrir, à déplacer les petits riens, déplier des papiers, vider des enveloppes de ses mains rapides, des yeux au bout des doigts à reconnaître les matières, décider de la préciosité, deviner les usages et l’utilité de la chose à son enquête sans objet. Un secret est un entrelac, un fouillis sans repère, tout a été crypté par le temps et les volontés, les lettres sont incomplètes, les clefs sans indications, les porte-monnaie sont vides, les livrets de familles se livrent sans explication. Qui sont ces belges qui remercient mon grand-père, qui sont ces femmes qui furent les siennes, qui est ma grand-mère et qui est la morte, le coeur s’étouffe, la gorge s’assèche, le souffle se coupe, les mains replient, remisent, repoussent, les petits gestes s’appliquent à effacer leur passage, à recréer l’aléatoire agencement, à défaire le tri qui s’est fait à chercher le dissimulé, les lettres ravalent leurs mystères, les carnets se referment sur l’inconnu, les billets de trains ne vont nulle part. Un vieux réglisse traîne par là, à l’enfourner dans sa bouche, elle avale une ancienne poussière.
Quant à nos propres boîtes, celles remplies de nos enfances, que nous gardons, déménageons, réinstallons, elles contiennent un nous enfuit, contour flou de nos réalité, nos cœurs battent à les revoir, palpitent plus fort à les réouvrir, s’emballent à convoquer deux silhouettes, la nôtre et celle de l’amoureux, chacune penchée à sa table à écrire, il ne reste de l’échange de lettres qu’un paquet sans couleur emballé dans un mauvais ruban, à décrypter les réponses se devinent les questions, le rapport aux séparations, la douleur des éloignements, les responsabilités à fuir ou à prendre, la violente qualité des amours premières, leurs fragilités et leurs vacillements, la vue sur ce demi-paysage fait trembler nos mains, ravive l’impatience des attentes d’alors, les pics d’adrénaline à la vue d’un facteur, des messages au voyage jamais jetés, écho d’une intimité bien gardée dans la boîte à chaussures qui nous revient tout comme la chaleur qui traversait nos corps.
l’allure du texte et les trésors qu’il contient… avaler cette ancienne poussière est un délice qui brûle un la langue
Les tiroirs d’avant où l’on a tant fouillé, cherché à élucider des mystères, élaboré des solutions, tenté de cerner les contours des uns et des autres… et se poser la question de ce que l’on laisse de soi …
Ces deux visions m’ont beaucoup plu!
Ces objets qui nous contiennent d’une certaine façon, reliques précieuses et pourtant vieillies et poussiéreuses, c’est ça que j’aime retrouver ici.