Les mélanger les chambres en un lieu parfois inquiétant, parfois réjouissant où toujours il y avait des murs, des portes et un lit. Pour ranger pyjamas ou chemises de nuit il y avait sur l’oreiller une housse en tissu avec les mots « jolis songes » brodés de volutes de fleurs colorées. Le matin il fallait faire son lit ranger son pyjama dans la housse, remettre le gros édredon sur le lit. La tête de lit « cosy » était bien pratique servait à poser les livres, il n’y avait pas de table de nuit. Sur les murs une tapisserie avec des motifs qui ressemblaient peut-être à des pétales de fleurs qu’on aurait inventées suspendues dans un ciel jaune vif sans se toucher très colorées qui ne vieilliraient jamais et qui jamais ne tomberaient sur le plancher même les jours de courant d’air quand fenêtres et portes étaient ouvertes. Derrière une porte était la chambre des parents, derrière l’autre porte la chambre de la grand-mère. Notre chambre à ma sœur et moi, était un lieu de passage qui donnait sur un palier en haut d’escaliers d’où nous descendions pour aller à la cuisine. Le matin les parents passaient précautionneusement à côté de notre lit, pour ne pas nous réveiller et même si nous l’étions déjà notre mère disait « rendormez vous ce n’est pas encore l’heure de se lever ». Nous entendions les premiers bruits de la journée, les bols posés sur la table, l’ouverture du couvercle de la cuisinière où elle jetait le bois, et puis les odeurs du lait chaud, des tartines grillées et enfin sa voix qui montait du bas de l’escalier « Aller c’est l’heure de vous lever ». Un soir à côté de notre lit est passé le docteur de la famille, il a ouvert et refermé vivement la porte de la chambre des parents. Après plusieurs heures il a rouvert et refermé doucement cette même porte, est repassé à côté de notre lit où je ne sais plus si je dormais éveillée, je n’avais rien entendu des souffrances de notre mère, ni les premiers cris du bébé — un garçon tant espéré — je ne bougeais pas, j’avais peur du docteur.