Elle s’y sent mal après plus de quarante ans de distance. Pourtant, tout paraît moelleux dans cette chambre. Une petite bonbonnière, c’est comme ça qu’elle l’appelle. Elle a dormi dans une petite bonbonnière rose avec des fleurs blanches. Aux murs, du tissu tendu et une chambre à coucher en merisier de style Louis-Philippe. Une chambre de petite fille, donc, avec un lit à rouleaux qui trône au milieu, un secrétaire entre le lit et la fenêtre, une table de chevet de l’autre côté avec une lampe confectionnée avec le tissu des murs. Une grande armoire faite sur mesure fait face au lit, à côté de la porte de la chambre. Entre la table de chevet et le mur qui donne sur le couloir, un banc coffre sur lequel sont posés des vêtements épars. Sur et dans la table de chevet, des livres. Des livres dans la grande armoire aussi. Des livres qu’on lit le soir, à la lueur de la lampe rose aux fleurs blanches. Au-dessus du secrétaire, un miroir dans lequel la petite fille ne se regarde pas souvent. Sur le mur, au-dessus du banc-coffre, un poster siglé Sarah Kay qui dissimule une tâche de feutre bleu. Plus tard, à la place du poster de Sarah Kay, il y aura un poème de Baudelaire, « La cloche fêlée », recopié à la main et vieilli façon ancien manuscrit. Il y aura ce poème de Baudelaire qui résonne encore entre les murs de cette chambre ouatée par le tissu rose pâle aux fleurs blanches et tendu sur du molleton.
j’imagine une fillette très rose en bouton dans cette bonbonière, comment pourrait-elle y résister ?
Exactement Brigitte, c’est une petite fille en fleurs dont il s’agit