La nuit disparaît de la fenêtre, un peu de jour arrive à travers le clair des persiennes. Petites filles, nous dormons ma sœur et moi dans le même lit. Un léger bruit me réveille, une porte s’ouvre, j’aperçois notre mère, elle transporte deux magnifiques couffins de poupée. Je ne bouge pas, je rêve peut-être. Un peu plus tard enfin je peux me lever, c’est le jour de Noël, vite allons voir nos cadeaux, et sous le sapin les magnifiques couffins que transportait notre mère. C’est à ce moment-là que je n’ai plus cru au père Noêl, mais toujours à la féérie magique des cadeaux.
Deux chaises hautes pour nos poupées. Des œuvres d’art, conçues, fabriquées par notre grand-père menuisier. On ne se disputait pas, chacune une chaise haute. Autour de la table, nos poupées bien installées participaient au souper. Sur la table débarrassée, notre mère étalait les lentilles à trier en écoutant les maîtres du mystère à la radio. Sagement les poupées attendaient l’heure où notre mère dirait « c’est l’heure d’aller au lit ». Alors nous montions nous coucher elles dans leur couffin magnifique et nous dans notre lit douillet avec notre livre préféré.
Une machine à coudre en jouet, bien sûr c’était la réplique de la grosse machine à coudre qui m’impressionnait. Je ne sais plus si j’ai pu m’en servir. Je l’ai retrouvée il y a quelque temps sur une étagère en bois, abandonnée, un peu rouillée. Ma sœur avait eu la même. On ne se disputait pas, pour les jouets. Il y avait ce silence des bruits qui nous enveloppait et nous rassurait, celui de l’enfance bienheureuse.