Jeu : Faire le tour des espaces du jardin, explorer chaque recoin, inventer dans ces espaces une fonction différente : ici dans ce carré un grand arbre aux feuilles minces au milieu de la pelouse, ce carré est laissé un peu à part parce à cause de sa féerie, on dirait qu’il ne faut pas trop y entrer. Les trois eucalyptus plantés les uns derrière les autres comme une armée avec qui Don Quichotte aurait voulu guerroyer – mais il ne se serait pas déplacé lui-même, il aurait envoyé son aide de camp guerroyer à sa place, car retenu par d’autres aventures en terre d’Espagne. Les eucalyptus pacifiques, attendent une ambassade en agitant leur feuillage pâle et vert foncé. Leurs troncs veulent éviter de se parer de l’armure des jours sombres, font le pari de la clarté, se tiennent sur la même ligne défensive. L’écorce sombre sur le tronc indique qu’ils sont là depuis longtemps. Ils savent qu’ils sont isolés dans ce pays lointain, et les jours de vent du sud, devinent les dunes qu’ils n’ont jamais vu. Le jeu est de ne pas tenter de les approcher, pour ne pas donner l’alarme, contourner les patriarches les laisser manœuvrer et avancer à découvert. Plus loin, il y a un rectangle, le rectangle nourricier, le potager mais ce jeu est interdit. Le jeu est de les laisser surplomber la plaine et voir aussi loin que possible ces personnages arriver. Le jeu est de croire qu’ils ont toujours fait le guet et qu’on peut occuper d’autres espaces. Mais le soir venu les guetteurs sont oubliés et on passe à un autre jeu : faire sauter les petites pièces l’une par-dessus l’autre. Il faut inventer un joueur imaginaire ou bien faire bizarrement le compte des points. Le lendemain, les guetteurs, n’ont pas changé, mais ils sont vêtus autrement, c’est le temps qui a changé : d’autres couleurs les parent ou – il fait mauvais – il pleut, et le regret de ne pas voir comme ils apparaissent dans leurs habits de pluie.
Nourriture : le repas commence pendant la préparation. il est bon de chercher à voir comment il est préparé : on ne sait pas à l’avance ce qui fait cette sauce onctueuse, ces morceaux de viande et ce silence qui descend au moment du repas. Ou les touches rouges dans l’assiette, et ce sont des betteraves. Mais ce mot s’efface au profit du gout et toujours un silence.
Habits : acheter des vêtements :non pas un vêtement en tête, le vêtement ne va pas seul, il revient à la mémoire quand ils ne sont pas encore portés, quand ils ne sont pas encore à soi, non approprié, ce sont des vêtements dans la boite du vendeur, une chemisette, un pull, un pantalon en velours, ils sont neufs, n’ont jamais servis, attendent qu’on leur trouve un rôle, des habits de comédie d’un personnage dont la silhouette n’est pas encore définie, ni les actions, ni le lieu : un costume d’avenir pour affronter l’inconnu.