Longtemps,bien des années après sa disparition, son numéro de téléphone demeurait et avec lui le message d’accueil qu’elle avait enregistré pour ceux et celles qui cherchaient à la joindre. Pour son mari, c’était une manière de la garder encore, même si depuis il s’était remarié avec l’une des meilleures amies de sa femme qui était sa maîtresse bien avant qu’il soit veuf. Son mari restait avec sa voix sur un répondeur totem et le faisait savoir par SMS une fois par an, à chaque anniversaire de la mort de la mère de ses enfants. Son mari conservait sa voix dans un coffre du cloud de son fournisseur d’accès. Son mari s’offrait sa voix pour le prix d’un abonnement conservé. A la différence de son mari, il n’avait pas besoin de cette trace sonore. Elle était pour lui inutile, inappropriée, indiscrète, ostentatoire, presque obscène. Il n’avait besoin de rien pour être avec cette femme disparue. Seul un arbre qu’elle avait choisi pour lui suffisait. Il le touchait de la main droite à chaque fois. Leur arbre. Sa mezouzah à lui. A lui seul. Discrète. Dans le silence du vent, des feuilles, des oiseaux.
Tout si beau, avec cette touche surprenante, adoré.
Grand merci Anne
Dans le silence d’un jardin sa trace de feuille et de vent … c’est très beau Ugo .
Très beau Ugo, nostalgique et poétique. On aimerait en lire davantage. On croirait la fin d’une fiction.
et celui qui gardait sa voix dans un cloud quasiment (trahissant ainsi un peu sa femme seconde) ne l’avait pas
elle était dans l’arbre qu’elle avait choisi pour Lui.