Si l’absence était une voix ce serait la sienne.
C’ était celle de ses disparus, partis en fumée
C’ était celle des cris rauques venus d’autres ventres affamés
C’ était celle prisonnière de ses entrailles, à laquelle en un cri primal j’ai tenté de mêler la mienne, mes oreilles ont tremblé
Sa voix une souffrance échappée d’une bouche craquelée du sel chaud de ses pleurs
Sa voix trébuchait sous le poids d’errances éternelles
Sa voix s’est éteinte bien avant ma naissance
Était-ce une voix, la vigueur d’un chant de l’Armée Rouge
L’âpreté de vingt gauloises consommées ou consumées comme les étourdissements sortis d’une cheminée des camps
Dans une langue inconnue ou déformée, elle me heurtait plus qu’elle ne me parlait, le sifflement acide d’une colère mal domptée la cacophonie de l’incompréhension
Sa douleur a volé ma jeunesse
Le silence de ma mère la rage de mon père
Cette absence tonitruante !
Lire cela après ta voix au téléphone, faire silence.
Amitié.
Je lis et relis.
Puisse t elle s’être apaisée cette voix qui traversent les âges .
Au travers de vos mots, peut-être.
Merci Véronique, aujourd’hui le silence me parle de toutes…