Ma mère, les yeux dilatés par le silence, coud dans le coin.
Elle ne parle jamais, ma mère. Ou elle hurle, ou elle se tait
Goliarda Sapienza – L’art de la joie
La voix qui mène à la mère. Ondes transportées. Vibrations auto-excitées. La voix sans les paroles. Le souvenir s’accroche à la mélodie. On peut l’imiter, la faire sienne. La texture ? Plus volatile, insaisissable, indicible. La dernière entendue n’est pas celle que l’on désire garder mais celle qui reste, sauf si, plus jeune, elle a été enregistrée… Pas de collection sonore de sa voix à chacun de ses anniversaires…
Les voix d’outre-tombe. La chorale se dilate. La voix des solistes flirte avec la nostalgie. Retour impossible. Enregistrées, leurs présents confondent le nôtre.
La voix objet de jouissance. Logorrhée et Vocalises. La voix qui monte du ventre et la voix de tête.
L’expérience du sans-voix … pas de larmes… pas de voix… un immense chagrin.
Métamorphoses de la voix, celles liées à l’âge… aux émotions… au mimétisme… aux modes de vie… aux lieux de réception… aux lieux d’émission… au temps d’émission… au travail sur elle-même…
Sybillin et poétique (parce que sybillin ?), là où la voix de la mère nous porte…