Passer en courant sur les jets des tuyaux d’arrosage perforés, la crainte, la fraicheur, le plaisir d’avoir osé.
Aspirer à pleine bouche le jus de l’orange dans la chair libérée sous le chapeau d’écorce découpée, logé dans la pulpe le sucre fond, ignorer les coulées autour des lèvres rougies.
Remonter le mécanisme sous la bouteille avec la petite clé et regarder tourner la danseuse dans la bouteille d’alcool, la musique cesse, ses pointes continuent un peu à cogner le socle.
Créer des barrages et des lacs avec les cailloux du Petit Torrent, la transparence et les larves de dytiques.
Tremper des morceaux de pain dans les plats remplis d’escargots, beurre et persil dégoulinant des coquilles, jusqu’à l’écœurement.
Se déguiser d’habits de fougères, couronnes, jupes, éventails, l’odeur verte piquante.
Relire et relire et relire le crabe aux pinces d’or, couverture intérieure bleue, indigo, pas encore les vignettes.
Sucer longtemps les morceaux de sucre candi, translucides cristaux, diamants caramels ou blancs reliés par une ficelle, durs et coupants, croquer enfin.
Respirer l’odeur de la sueur animale, aimer détester les vapeurs qui se dégagent sous la selle que l’on retire, sur les flancs trempés.
Transformer avec une pince à linge et un morceau de carton son vélo silencieux en mobylette pétaradante (un peu) et même en moto.
Se boucher les oreilles au passage des Gilles de Binche pendant le carnaval, se cacher dans un cou, regarder quand même à travers ses doigts et frissonner .
Garder toute la journée l’odeur grasse des frites à la Végétaline, vêtements et cheveux imprégnés, leur goût inégalé.
« Phylactères » un mot qui m’émerveille et m’émeut, merci Isabelle